Quels sont les symptômes à observer à chaque étape de la crise suicidaire ?

Dr Michel BENOIT

CHU de Nice

Préambule.

Il n’y a pas de schéma standardisé de crise suicidaire, chaque situation étant la résultante complexe de nombreux facteurs propres à l’individu, à son histoire, à son environnement actuel. Le contexte de survenue de la crise, sa durée, les significations psychologiques qu’on peut lui attribuer influent de façon importante sur la symptomatologie et les comportements repérables. La pratique clinique de ces situations d’urgence rappelle que la sémiologie des situations de crise suicidaire est souvent labile, évoluant rapidement d’un moment à l’autre, ou pouvant être jugée de façon différente selon l’évaluateur.

Il en découle que ces situations ne peuvent pas être appréhendées sur un seul entretien ou un " instantané " : elles requièrent au contraire du temps pour l’évaluation qui doit reposer souvent sur plusieurs examens à des temps différents. L’intervention dite " de crise " repose sur un temps suffisant à la compréhension de la dynamique psychologique, au dé-nouage des problèmes qui la sous-tendent, à une évaluation plus fiable de la symptomatologie. Le repérage et la compréhension de la sémiologie de la crise a pour finalité de mettre en place une prise en charge adaptée pour diminuer le risque de récidive, mais surtout d’apporter des solutions visant à une amélioration psychologique globale. La prévention secondaire et tertiaire des tentatives de suicide ne peut se dispenser d’une évaluation symptomatique rigoureuse lors de ces situations, mais il ne peut s’agir du seul objectif de la prise en charge. Pourtant, la littérature sur ce thème est presque exclusivement orientée vers la prédiction et la prévention du suicide dans les situations de crise suicidaire.

1. Difficultés dans l’évaluation symptomatique de la crise suicidaire

La crise suicidaire est un processus dynamique qu’on peut subdiviser en plusieurs étapes :

  • une phase pré-suicidaire, de durée très variable selon les facteurs psychologiques et précipitants en cause, et les mécanismes d’adaptation de l’individu, des recours possibles à des aides extérieures. La phase pré-suicidaire a pu être elle-même découpée en plusieurs sous-étapes (Quenard et Rolland, 1982) :
  • - un événement traumatisant ou déclenchant (pas toujours discernable) surprend l’individu et le soumet à un état de tension, alors qu’il était en situation de vulnérabilité - les essais de l’individu pour résoudre la situation n’aboutissent pas, et la tension psychique augmente, se manifestant par une anxiété croissante, voire de l’agitation. Il existe souvent à ce stade un état d’inhibition, de stupeur du sujet face à des émotions qu’il ne peut maîtriser et qui le soumettent à une situation d’incertitude

    - la montée de l’agressivité et le sentiment d’incapacité à résoudre la situation génère une exaspération du sentiment de menace, précédent le passage à l’acte perçu comme seule issue possible.

  • une phase de passage à l’acte, plus ou moins soudaine en apparence
  • une phase post-suicidaire, résolutive et cathartique, ou au contraire pouvant être l’amorce d’une nouvelle crise
  • Un certain nombre de signes ou symptômes sont à rechercher et à mesurer dans toute situation de crise suicidaire, plus particulièrement dans la phase pré-suicidaire, puisque c’est à cette période que la quasi-totalité des travaux se réfèrent, même si l’évaluation en est généralement faite dans l’après-coup. Cette évaluation a posteriori est souvent difficile parce qu’elle recherche de nombreux signes subjectifs (émotions, sentiments), elle est soumise à la reconstruction du souvenir, aux remaniements psychologiques de la crise, à l’impact potentiel de l’effet " prise en charge ". Ces études rétrospectives aboutissent à des niveaux de preuve intermédiaires. Un autre écueil de la recherche dans ce domaine est que la plupart des études ont cherché à quantifier les valeurs pronostiques ou prédictives de ces antécédents, signes et symptômes pour le risque de suicide, beaucoup moins pour le risque de tentative de suicide qui correspond pourtant à la majorité des situations. Enfin, il y a une carence de travaux sur l’évolution longitudinale des symptômes au fur et à mesure de la progression de la crise.

    Quels éléments sont à repérer ?

    Il est d’usage dans toute situation de crise de faire la part entre les facteurs propres à l’individu (personnalité, pathologie psychiatrique) et les facteurs extérieurs (situation environnementale, évènements de vie, réseau relationnel et affectif). Cette dichotomie est artificielle, ces facteurs interagissant en permanence, et c’est une des raisons pour lesquelles un temps d’évaluation important est nécessaire.

    Le tableau 1 dresse une liste de signes et symptômes qui paraissent devoir être évalués dans les phases pré- et post-suicidaires avec l’apport d’informations de l’entourage. Il est rare qu’un seul examen permette de réunir l’ensemble de ces éléments. Un certain nombre d’antécédents ou de facteurs de risque ont été listés, bien qu’ils débordent du champ de la question posée. Néanmoins, l’examen émotionnel et comportemental d’un sujet suicidaire ou suicidant ne peut occulter ces différents facteurs sur lesquels les entretiens doivent s’appuyer, et qui modulent la portée des signes observés.

    Nous détaillerons plus loin uniquement certains symptômes qui ont fait l’objet d’études, les autres facteurs de risque étant développés par d’autres experts.

    a) Les symptômes de risque suicidaire des pathologies psychiatriques

    L’examen du sujet supposé suicidaire ou suicidant ne peut se départir de la recherche d’une pathologie psychiatrique, dont l’existence conditionne le risque de nouvelle crise et la prise en charge globale (accord professionnel fort). Ces pathologies constituent fréquemment le terrain vulnérable sur lequel la crise s’installe, généralement à la faveur d’événements de vie. Une comorbidité psychiatrique, à type de dépression majeure, psychose, personnalité pathologique de type borderline ou psychopathique, trouble anxieux est retrouvée chez 60 à 90% des suicidés, alors que la prévalence de ces affections n’est estimée qu’entre 10 et 30% chez les suicidants (Cremniter, 1997; Davidson et Philippe, 1986; Hawton et col, 1998; Pommereau, 1996).

    Tableau 1. — Antécédents, signes et symptômes à rechercher et/ou surveiller au cours d’une situation de crise suicidaire

     

    Antécédents et pathologies actuelles

  • trouble de l’humeur, troubles des conduites, troubles psychotiques, trouble de personnalité (notamment état-limite, psychopathie), traits de caractère (impulsivité, instabilité), violences physiques proférées ou subies
  • antécédents personnels et familiaux de prise en charge psychiatrique, prise de médicaments psychotropes, adhésion aux suivis et traitements proposés
  • modes de réactions habituels aux situations de crise, modalités de coping, fugues
  • antécédents de TS : modalités et facteurs déclenchants, prises en charge antérieures
  • prise de drogues, abus et dépendance alcoolique
  • maladie physique jugée invalidante ou létale, douleur chronique
  • TS ou suicide dans la famille ou l’entourage
  •  

     

     

    Risque suicidaire

  • aggravation ou non-amélioration symptomatique d’une affection psychiatrique pré-existante (cf supra)
  • idées suicidaires passées et actuelles, scénarios suicidaires, moyens à disposition
  • sentiments de désespoir, de culpabilité, d’échec, recherche d’un allègement de ces sentiments ou d’une punition
  • facteurs précipitants : facteurs de stress durables et aigus, conflits interpersonnels ou avec l’autorité, ruptures affectives ou sociales
  • En cas de TS réalisée, modalités de la tentative de suicide: moyen employé et connaissance supposée de sa dangerosité, létalité potentielle et conséquences somatiques,
  • désir d’être découvert ou non, annonce préalable, degré de préméditation ou d’impulsivité, sens du geste suicidaire (désir de mort, d’alerte, de fuite, de pression sur l’entourage)
  •  

    Réactions du sujet à la situation de crise

  • Appréciation de la létalité de la méthode employée ou envisagée, Perception de l’irréversibilité de l’acte
  • Attitude par rapport à la vie : pessimisme foncier ou ambivalence, invocation de raisons de vivre
  • Représentations de la mort, objections morales au suicide
  • Réactions à la prise en charge (compliance, opposition, retrait)
  • Perception du support possible par l’entourage. Type de sollicitation de l’entourage
  • Mode de vie et insertion sociale

  • situation familiale et professionnelle. Qualité effective des supports extérieurs
  • conduites à risque : activités ou sports dangereux, relations sexuelles non protégées, comportements violents
  • projets professionnels, relationnels et investissement
  • C’est en premier lieu la dépression qui a fait l’objet du plus grand nombre de travaux, et il est démontré qu’une majorité des suicidés (de 70 à 90% selon les études) présentaient un trouble dépressif (Harris et Barraclough, 1997; Isometsä et col, 1995; Rihmer, 1996), avec un fort niveau de preuve. L’intensité objective du syndrome dépressif n’est pas toujours un bon prédicteur de la suicidalité, laquelle parait dépendre d’avantage de l’humeur dépressive ressentie, de sentiment d’échec et de désespoir, de l’idéation suicidaire, du défaut de raisons de vivre (Bulik et col, 1990; Mann et col, 1999). Cette association a été retrouvée plus marquée chez les patients souffrant de trouble bipolaire, notamment de type 2 (Bulik et col, 1990; Oquendo et col, 2000 Aug). Les passages à l’acte étant nettement plus fréquents dans les premiers mois d’un épisode dépressif majeur, c’est probablement dans cette phase que l’évaluation du risque suicidaire doit être la plus rigoureuse(Malone et col, 1995b).

    Les symptômes de dépression doivent par conséquent être recherchés dans toute suspicion de crise suicidaire, et leur évolution mesurée dans le temps. En dehors du noyau dépressif (humeur dépressive, perte d’intérêt et d’élan vital, ralentissement ou agitation psycho-motrice), les autres signes tels que l’insomnie, les plaintes somatiques, les troubles alimentaires, les désordres cognitifs ont une importance qui n’est pas clairement individualisée pour le risque de suicide et ils sont généralement abordés dans le cadre d’autres syndromes (idées de suicide, syndrome anxieux, démotivation et anhédonie). Néanmoins, ils ne sauraient être négligés dans l’évaluation de la gravité du tableau dépressif. Il est reconnu en pratique clinique que les signes de gravité des états dépressifs, tels que des thèmes mélancoliques, des idées délirantes congruentes à l’humeur, une agitation anxieuse associée à un état de souffrance morale, doivent alarmer le clinicien et faire mettre en œuvre des mesures de sécurité.

    Les troubles psychotiques sont à haut risque suicide, puisqu’on estime que 10% des schizophrènes meurent de suicide et que jusqu'à 55% d’entre eux commettent au moins une tentative de suicide au cours de leur vie, en général au cours de phases de décompensation et dans les premières années d’évolution de la maladie (Harris et Barraclough, 1997; Roy et col, 1984). Dans ce cadre, on recherchera les idées délirantes ou les hallucinations morbides reprenant des thèmes de culpabilité, de possession, de pouvoirs surnaturels, notamment si elles s’intègrent à un automatisme mental. La sémiologie est à évaluer particulièrement au moment de la sortie de l’hôpital, période propice aux crises suicidaires, notamment si elle est sous-tendue par des sentiments de mauvaise qualité de vie, d’incapacité et de désespoir quant aux possibilités de réadaptation (Beck et col, 1985). La coexistence d’un syndrome dépressif est en effet significativement plus fréquente chez les schizophrènes qui tentent de se suicider (évaluée à 45% par Roy et al (Roy et col, 1984)) et doit être recherchée. Le tableau dépressif est souvent incomplet, comprenant peu de signes somatiques, et la suicidalité qu’il induirait serait très corrélée à la perte d’espoir (Drake et Cotton, 1986). La suicidalité de patients schizophrènes a été corrélée à la prise de conscience par le patient de symptômes négatifs tels que l’anhédonie et l’émoussement affectif ou de symptômes productifs tels que le délire et l’évitement social actif (Amador et col, 1996). Il en découle que le vécu de la maladie et la mauvaise qualité de vie ressentie sont certainement plus prédictifs du risque suicidaire que l’intensité du tableau psychotique, mais peu d’études ont comparé l’influence respective de ces deux aspects.

    L’utilisation de substances psycho-actives et l’alcoolisme sont associés à un risque de tentative de suicide multiplié par 6 à 14 selon les troubles (Bulik et col, 1990; Harris et Barraclough, 1997) et doivent être par conséquent repérés, constituant un facteur important de récidive. Les corrélats sociaux et environnementaux de ces conduites (isolement, séparations et ruptures plus fréquentes, mauvaise adaptation professionnelle) sont autant de facteurs précipitants et d’entretien de la crise.

    Les troubles de la personnalité du groupe B du DSM IV, en particulier borderline ou psychopathique, ont un risque suicidaire significativement supérieur à la population générale, et ce risque apparaît très corrélé aux symptômes dépressifs, au discontrôle comportemental, à l’abus de substances psycho-actives (Brodsky et col, 1997).

    Les personnalités névrotiques présentant des troubles anxieux tels que l’anxiété généralisée ou le troubles panique ont également un risque de suicide plus élevé, mais ce lien paraît très influencé par la comorbidité dépressive et addictive des ces personnalités.

    b) Approche transnosographique de la symptomatologie de la crise suicidaire

    Outre les symptômes repérés dans les pathologies psychiatriques pré-citées, en particulier ceux attribuables à la dépression, un certain nombre de signes ou de comportements sont régulièrement présents dans la sémiologie de la crise suicidaire. Aucun de ces signes pris isolément n’ayant une valeur prédictive suffisante, la pratique clinique et les études retrouvent des associations entre ces variables qui évoquent un risque suicidaire, sans qu’un modèle prédictif émerge de la littérature. Ainsi, l’association entre une pathologie psychiatrique, des antécédents suicidaires personnels ou familiaux, la communication d’intentions suicidaires est reconnu en clinique courante et dans la littérature comme un groupe de facteurs de risque primaires (Rihmer, 1996).

  • Existe t-il un syndrome pré-suicidaire ?
  • Ringel (Ringel, 1976) décrit un syndrome pré-suicidaire, non spécifique d’une pathologie psychiatrique, comprenant :

    - un sentiment croissant de constriction situationnelle, psychodynamique (émoussement affectif, diminution de la réactivité émotionnelle et comportementale), diminution des échanges interpersonnels, réduction du sens des valeurs

    - une diminution voire un retournement de l’agressivité

    - des fantasmes suicidaires

    Ces éléments sont retrouvés et validés par d’autres auteurs (Ahrens et Linden, 1996), qui y adjoignent la perte d’espoir, les ruminations mentales, le retrait social et le faible niveau d’activités. Ils retrouvent ce syndrome chez 86% des déprimés suicidaires et 74% des schizophrènes suicidaires, et le considèrent comme transnosographique. La spécificité de ce syndrome chez des dépressifs est toutefois modeste (44%), mais on ne peut pas exclure qu’il est très dépendant d’un trouble de l’humeur primaire ou secondaire. Le niveau de preuve de ce syndrome est actuellement faible, en l’absence d’autres études de validation.

  • L’intention suicidaire
  • L’intentionnalité suicidaire a été mesurée par de nombreuses équipes, avec l’aide le plus souvent d’échelles validées comme l’Echelle d’Intentionnalité Suicidaire de Beck (Beck et col, 1974). Ces outils sont généralement utilisés après le geste suicidaire, permettant une estimation a posteriori. L’impact de leur utilisation préventive est peu établi, mais les signes qu’ils repèrent doivent être connus (voir annexe).

    Les études d’autopsies psychologiques de suicidés démontrent que contrairement à une idée reçue, dans environ la moitié des cas, les sujets feraient part des leurs idées suicidaires à leur entourage, voire évoqué des scénarios de suicide (Beck et col, 1999; Brown et col, 2000). Des données de l’OMS rapportent que 8,8% des patients de médecine générale ont avoué avoir eu récemment des idées de mort, ce taux étant d’environ 35% chez des patients dépressifs (Ahrens et col, 2000). Entre 50 et 70 % des suicidés mais aussi des suicidants ont consulté un médecin dans le mois précédent (Franc et col, 1994; Maurice et col, 1989), dans la plupart des cas pour des difficultés psychologiques et/ou pour des plaintes somatiques. Isometsä et col (1995) évaluent sur un groupe de 1397 suicidés que 18% d’entre eux ont consulté le jour même de leur acte(Isometsä et col, 1995). Dans cette étude, les idées suicidaires ne sont recueillies par les médecins lors de ces ultimes consultations que dans 22 % des cas, et chez 30% des patients ayant des antécédents suicidaires. Ce pourcentage n’est que de 11% en médecine générale. L’expression d’une volonté suicidaire est souvent indirecte, exprimée par un sentiment de désarroi, d’inutilité, un désir de fuir ou de partir, la nécessité de régler sa succession ou de faire des dons de biens personnels, le souhait de se rapprocher d’un proche disparu. Ces éléments indirects paraissent particulièrement fréquents chez le sujet âgé (Lynch et col, 1999). Le besoin d’échapper à la situation actuelle et les distorsions négatives de l’image de soi, puis les problèmes interpersonnels sont les raisons de mourir les plus fréquemment évoquées par des sujets dépressifs suicidaires (Jobes et Mann, 1999). Les pensées erronées sur la dévalorisation, l’inutilité, la culpabilité, la vision pessimiste de l’avenir sont corrélées à l’intentionnalité suicidaire (Alexopoulos et col, 1999; Mendonca et Holden, 1996; Van Gastel et col, 1997).

    Il apparaît que l’intensité maximale passée des idées suicidaires a une meilleure valeur prédictive de risque de suicide que les idées suicidaires exprimées au moment de l’examen, ce qui incite à évaluer l’importance de ces idées également dans le passé récent du sujet (Beck et col, 1999). Les antécédents de tentatives de suicide sont un facteur favorisant les idées suicidaires chez des patients déprimés (van Praag et Plutchik, 1988). Mais si l’humeur dépressive est généralement fortement liée à cette idéation suicidaire, dans 30% des cas on ne retrouve pas de trouble défini, et dans 21% on ne décèle pas de troubles sub-syndromiques (Ahrens et col, 2000).

  • Les comportements suicidaires
  • Un scénario mis en œuvre ou envisagé pour la tentative de suicide est à rechercher et est repéré par l’Echelle d’Intentionnalité Suicidaire de Beck. La préméditation du geste et sa forte létalité potentielle ou perçue par le patient sont reconnus comme des facteurs de risque de suicide ultérieur (De Moore et Robertson, 1996)

    Des comportements " terminaux " à type de préparatifs signifiant un projet de changement profond ou un départ sont à repérer, avec l’aide de l’entourage, car ils sont souvent dissimulés. Des écrits et des lettres exprimant des idées de fin ou de désespoir sont à prendre en considération, d’autant plus chez des sujets utilisant peu ce mode de communication, car ils reflètent assez bien les états passionnels du sujet avant la réalisation de son geste ou peuvent aussi être un ultime moyen pour interpeller l’entourage (Bareil-Guerin et col, 1991). Le fait de laisser une lettre d’adieu a été corrélé à une intentionnalité suicidaire plus forte (Sarro et col, 1994)

    Les comportements à risque de survenue ou d’aggravation récente sont à repérer : conduite automobile ou moto à risque, goût nouveau pour sports très dangereux, conduites sexuelles risquées telles que rapports non protégés avec partenaires multiples, alcoolisations massives ou abus de drogues. Ces comportements ont été bien identifiés chez des adolescents et les jeunes adultes à risque suicidaire.

    On repère parfois des comportements passifs tels que refus alimentaire chez le sujet âgé, assimilés parfois à des syndromes de glissement, ou refus de soins ou de poursuivre des traitements cruciaux pour la santé de l’individu (insulinothérapie, antibiothérapie, cardiotropes…). Ces conduites sont qualifiables d’équivalents suicidaires (Vedrinne, 1981)

    Les enquêtes épidémiologiques plaident pour une reconnaissance meilleure des signes qui peuvent faire suspecter une situation de crise suicidaire, même si on ne connaît pas l’impact potentiel de ces efforts de dépistage. Comme le souligne Hardy (Hardy, 1997), la valeur prédictive positive des variables liées au risque de suicide est faible en raison de leur faible spécificité.

    Ces signes d’intention suicidaire doivent être réexaminés tout au long de la gestion de la crise. On évaluera sur une durée suffisante le jugement critique que le patient prête à son acte, la confrontation de ce qu’il en attendait avec ce que lui évoque sa survie, la reprise de contrôle sur ses pensées erronées. Il est tout aussi important après la tentative de suicide de déterminer la ou les significations de ce geste, en restituant cette démarche au patient, ce qui est en soi thérapeutique.

  • Le sentiment de désespoir
  • Il est significativement plus fort chez les patients ayant des idées de suicide et qui passent à l’acte, par rapport à ceux qui ne le font pas. La mesure de cette variable avec l’Echelle de Désespoir de Beck montre des scores significativement plus élevés chez des sujets qui se sont finalement suicidés, tant chez des sujets hospitalisés qu’ambulatoires, avec un niveau de preuve intermédiaire en raison du manque de spécificité généralement observé (Beck et col, 1999; Beck et col, 1985; Bulik et col, 1990; Malone et col, 1995a; Mann et col, 1999; Roy, 1993). Le désespoir est souvent corrélée à l’intention suicidaire indépendemment de la gravité de l’humeur dépressive (Wetzel et col, 1980), mais ce lien ne semble pas aussi marqué dans d’autres pathologies psychiatriques que la dépression (Mendonca et Holden, 1996; Soloff et col, 1994). Si la sensibilité de ce paramètre est de l’ordre de 95% pour le dépistage du suicide, sa spécificité est médiocre, notamment dans la prédiction des tentatives de suicide, ce qui en limite les valeurs prédictives.

  • L’anxiété
  • L’anxiété psychique et physique, est un symptôme constant, bien que variable au cours de la crise. Elle est souvent maximale dans la phase décisionnelle de la TS, reflétant l’état de tension auquel le sujet est soumis. Il est de nombreux cas où l’anxiété est accompagnée d’une inhibition comportementale qui a pour effet de freiner le passage à l’acte. Ce dernier peut survenir par un mécanisme de levée de cette inhibition, tel que cela a été décrit dans les périodes d’instauration de traitements antidépresseurs, particulièrement dans des mélancolies. Un abaissement conjoint de l’anxiété et de l’inhibition qui l’accompagne paraît précéder beaucoup de passages à l’acte.

    Lorsque l’acte est réalisé, il n’est pas rare d’observer chez les suicidants un apaisement, une absence de tension, qui a pu être mis sur le compte d’un effet cathartique de la tentative de suicide. Une étude sur 25 patients dépressifs récemment hospitalisés montre ainsi un abaissement significatif de l’humeur dépressive en quelques jours après un geste suicidaire, alors que cet effet n’est pas observé dans un groupe contrôle de 50 dépressifs non suicidaires (van Praag et Plutchik, 1985). Cet effet cathartique n’a pas été retrouvé par une autre équipe qui suggère qu’il pourrait s’observer surtout chez des patients sévèrement déprimés ou ayant accompli des tentatives de suicide violentes (Bronisch, 1992). C’est effectivement ce que O’ Donnel et col observent chez 20 suicidants qui ont tenté de se jeter sous un train, les patients exprimant dans les jours qui suivent un mieux-être, un sentiment de renaissance, ressentant leur survie comme un signe divin (O'Donnell et col, 1996). Cet effet d’apaisement pourrait dépendre du type de pathologie sous-jacente, les patients de cette dernière étude étant en majorité schizophrènes. Il apparaît au total que cette impression de calme et d’amélioration peut être faussement rassurante sur les motifs de la crise suicidaire, et d’autre part, l’évocation des difficultés ressenties et de la sortie prochaine du service peut suffire pour raviver l’état d’anxiété. L’examen des raisons qui ont amené des suicidants à récidiver au sein même de l’hôpital montre que ces actes surviennent plus souvent à l’annonce du projet de suivi et du retour à l’extérieur, dans un climat particulièrement anxieux.

  • L’agressivité
  • Il paraît exister dans tout acte suicidaire un sens agressif, contre le sujet lui-même ou contre des personnes extérieures désignées. Cette agressivité peut se manifester dans la violence physique que le sujet veut infliger à son corps par le moyen choisi, par des actes préliminaires d’auto-mutilations, par de la colère en situation de soins. Dans le cadre de la dépression, elle s’associe fréquemment à la dévalorisation, au sentiment d’indignité. Elle s’intègre, sur un mode impulsif, aux personnalités borderline et est dans ce cadre comme dans les états dépressifs un facteur de passage à l’acte ou de récidive (Soloff et col, 2000)

  • L’impulsivité et l’instabilité comportementale
  • Elle est généralement reconnue comme un facteur facilitant particulièrement la mise en acte d’idées suicidaires (Beautrais et col, 1999; Mann et col, 1999). L’impulsivité " trait " et " état " est retrouvée significativement plus élevée chez des dépressifs aux antécédents suicidaires par rapport aux dépressifs non suicidaires (Corruble et col, 1999). Cette variable a fait l’objet de plusieurs études dans le cadre des personnalités pathologiques du cluster B du DSM IV, en particulier dans les personnalités borderline où le trait impulsif est un critère diagnostique. Dans une étude rétrospective portant sur 214 patients présentant ce type de personnalité, l’impulsivité s’est avérée être la variable la mieux corrélée au nombre de tentatives de suicide, après contrôle des variables dépression et abus de substances psychoactives (Brodsky et col, 1997).

    L’état de conscience — ou de lucidité - de l’individu au moment de la phase pré-suicidaire est variable et dépend du type de passage à l’acte, (Moron, 1987). On pense souvent qu’une majorité de passages à l’acte sont impulsifs, ayant l’aspect de raptus. L’amnésie relative de l’épisode pré-suicidaire évoquée par ces patients, ainsi que les remaniements psychologiques de la crise, tendent à probablement à majorer cette impression. Un bilan minutieux réalisé dans l’après-coup relativise souvent cette impression de soudaineté, et retient l’idée que le passage à l’acte est la résultante d’un processus dynamique qu’il convient de détailler.

    L’impulsivité est retrouvée plus fréquemment chez les adolescents, pouvant faciliter des passages à l’acte de toute nature, tels que des fugues ou des voyages en apparence pathologiques, des actes de violence. Il est alors nécessaire de préciser le contexte de ces comportements qui peuvent parfois inaugurer une crise suicidaire.

    D’autres formes de discontinuité comportementale ont été évoquées plus haut, telles que les alcoolisations inhabituelles, l’agressivité et les violences, certains refus alimentaires.

  • Facteurs protecteurs (ou signes de réassurance)
  • Paradoxalement, peu d’études se sont consacrées aux éléments signant une bonne évolution de la crise, ou protégeant les sujets à risque contre un passage à l’acte. Une analyse des " raisons de vivre " chez des sujets dépressifs a montré que certains éléments protecteurs discriminent les sujets qui commettent un acte suicidaire des sujets non suicidaires (Malone et col, 2000). Il s’agissait des croyances en la survie et l’affrontement des difficultés, de la peur de la réprobation sociale, des objections morales au suicide, et à un moindre degré, de la peur du suicide et des préoccupations pour ses propres enfants. L’évocation de la famille et la projection dans un avenir meilleur sont les raisons de vivre les plus souvent retrouvées chez des patients dépressifs (Jobes et Mann, 1999). Ces pensées qui tendent à protéger le sujet sont à repérer, bien que leur interprétation soit délicate en raison notamment des variabilités culturelles et sociales pour les valeurs qui les sous-tendent.

    Conclusion

    La revue de la littérature sur la symptomatologie de la crise suicidaire ne permet pas de dégager un modèle sémiologique unique. Un certain nombre de variables énumérées dans le texte sont à repérer, à quantifier, et leur évolution doit être surveillée pendant toute la durée de la phase aiguë du processus suicidaire. C’est sur l’évolution favorable et stable de ces paramètres que se décideront les modalités du suivi à l’issue de la période d’urgences.

    Le nombre important de signes et paramètres à repérer, leur labilité dans les différentes phases de la période de crise, la nécessité de confronter le vécu subjectif du sujet aux éléments environnementaux rapportés par les proches, sont autant de raisons de consacrer un temps suffisant à cette intervention de crise, dans une approche multidisciplinaire.

    Ces recommandations reposent surtout sur un consensus professionnel (qui sera probablement discuté lors de la Conférence), s’appuyant sur des études apportant un niveau de preuve généralement intermédiaire.

    Annexe 1 : Echelle d’Intentionnalité Suicidaire (Beck et col, 1974)

    Circonstances objectives de la TS

    1. Isolement

    Une personne était-elle présente, ou a t-elle été jointe par téléphone ? 

    2. Gestion du temps

    La TS a-t-elle été planifiée de manière à ce que le patient ne puisse pas être découvert ?

    3. Précautions prises pour ne pas être découvert

    Par exemple, TS dans une pièce fermée à clé

    4. Dissimulation de la TS aux personnes présentes

    Le sujet a t-il évoqué sa tentative lorsqu’il a été sollicité?

    5. Actes réalisés en prévision de la mort

    Par exemple, changements de projets, cadeaux inhabituels

    6. Préparation de la TS

    Un scénario suicidaire a t-il été réalisé ?

    7. Intention écrite de TS

    Le patient a-t-il laissé des messages écrits au préalable?

    8. Communication verbale de l’intention suicidaire

    Le patient en a-t-il parlé ouvertement au préalable ?

    9. But de la tentative

    Y avait t-il une intention de disparaître ?

    Propos rapportés par le patient

    10. Attentes par rapport à la létalité du geste

    Le patient pensait t-il qu’il allait mourir ?

    11. Appréciation de la létalité de la méthode employée

    Le patient a t-il utilisé un moyen plus dangereux que ce qu’il croyait être ?

    12. Gravité perçue du geste suicidaire

    Le patient pensait t-il que ce geste suicidaire était suffisant pour mourir ?

    13. Attitude ambivalente par rapport à la vie

    Le patient souhaitait t-il réellement mourir ? Ou seulement fuir, ne plus penser ?

    14. Perception de l’irréversibilité de l’acte

    Le patient était-il persuadé de mourir malgré d’éventuels soins médicaux ?

    15. Degré de préméditation

    Le geste a t-il été impulsif ou a t-il succédé à plusieurs heures de réflexion à son sujet ?

    16. Réaction à l’issue de la prise en charge

    Le patient regrette t-il d’être en vie ?

    17. Représentation de la mort

    La mort est-elle représentée de façon positive ?

    18. Nombre de TS antérieures

    Y a t-il eu dans le passé plusieurs TS ? Ont t-elles été rapprochées ?

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    Dernière mise à jour : dimanche 29 octobre 2000 19:36:11

    Monique Thurin