Groupe bibliographique

Repérage et évaluation de la crise suicidaire

Dr Marie-Laure ARTIERES-CARTIER

Comment évaluer le risque suicidaire et notamment l’imminence ou la gravité du passage à l’acte ?

NEGRON et al.(1997) ont comparé une population d’adolescents ayant des idées suicidaires à une population ayant effectué une tentative de suicide dans le but d’examiner les facteurs psychologiques immédiats et les circonstances associées avec des événements suicidaires et d’identifier les facteurs qui pourraient discriminer les adolescents ayant des idées suicidaires de ceux qui ont effectué des tentatives de suicide.

Les limites de l’étude : il s’agit d’une étude comparée sur un petit échantillon (N=77) ; l’échantillon n’est principalement constitué que de femmes hispaniques citadines.

Les différences de groupe ne sont pas en équation avec un possibilité prédictive.

Niveau de preuve = 3 (SACKETT)

Cette étude essaie de répondre aux questions suivantes :

  1. effectuer une tentative de suicide comparé à avoir des idées suicidaires montre-t-il une augmentation de la dysrégulation et labilité émotionnelle avant, pendant et après la crise suicidaire ?
  2. pendant la crise suicidaire, est-ce que les adolescents qui ont fait une tentative de suicide ont plus de difficultés à penser à des solutions alternatives ou expriment-ils des pensées plus négatives ?
  3. ceux qui effectuent une tentative de suicide passent-ils plus de temps à avoir des idées suicidaires et ont-ils un niveau plus élevé d’intentionnalité que ceux qui ont des idées suicidaires ?

Méthode : 35 patients qui ont des idées suicidaires et 32 patients suicidants (âgés entre 12 et 17 ans) évalués à partir d’un questionnaire semistructuré à propos des émotions actuelles et passées, des pensées, et du niveau comportemental.

Les patients souffrant d’un trouble psychotique ont été exclus ; il n’y avait pas de différences de genre, d’âge, de race entre les patients qui avaient des idées suicidaires et ceux qui passaient à l’acte.

Les instruments utilisés :

SSESA : sequential emotion and event form for suicidal adolescents : deux questionnaires semi-structurés, un pour les patients qui ont des idées suicidaires, l’autre pour ceux qui ont effectué une tentative de suicide pour évaluer les émotions, les pensées et l’état du comportement avant, pendant, et après l’épisode suicidaire.

Feeling thermometer : cette échelle est incluse dans la précédente pour une mesure de l’angoisse.

BDI : Beck Depression Inventory pour évaluer l’humeur dépressive aumoment de l’interview.

Résultats : avant le facteur de stress précipitant, les suicidants rapportent significativement plus de désepoir que d’idéation suicidaire. Pendant l’épisode suicidaire, les suicidants comparés aux patients qui ont des idées suicidaires passent plus de temps à penser, sont plus souvent repliés sur eux-mêmes et disent moins facilement à quelqu’un ce qu’ils pensent. A l’inverse ceux qui ont des idées suicidaires rapportent plus souvent un sentiment de colère persistant après l’épisode que ceux qui passe à l’acte. Tous les épisodes d’idéation ou de comportement suicidaires sont précédés d’un événement de stress. Aucune différence n’a été trouvée entre les groupes pour les scores du Beck depression inventory.

Quelles sont au terme de l’étude les différences entre les deux groupes ? :

  • Les suicidants comparés à ceux qui ont des idées suicidaires rapportent significativement plus de désespoir avant la situation de stress.
  • Avant la première tentative effectuée, les suicidants comparés à ceux qui ont des idées suicidaires, sont plus souvent isolés et ne disent à personne ce qu’ils ressentent.
  • Les suicidants comparés à ceux qui ont des idées suicidaires ont plus de pensées suicidaires persistantes.
  • A l’inverse, ceux qui ont des idées suicidaires rapportent plus de sentiments de dissociation pendant l’épisode et significativement plus de colère après l’épisode suicidaire que les suicidants.
  • Les groupes ne sont pas significativement différents en terme démographique, de types de situation stressante avant l’événement suicidaire, d’antécédent suicidaire, d’intention suicidaire, de sévérité de la dépression ou de pleurs pendant l’événement, de pensées irréalistes ou négatives, du nombre de solutions alternatives réalistes ou des réactions de leur familles pendant la crise.
  • Les deux groupes ont le même niveau de désespoir après la crise suicidaire. Pour ceux qui ont des idées suicidaires, il est possible que le désespoir soit une réponse transitoire alors que chez certains suicidants, il préexiste avant la crise suicidaire. Le désespoir pourrait être utile pour évaluer le risque suicidaire spécialement chez les adolescents à haut risque suicidaire.

    L’étude montre un niveau élevé de colère et d’humeur dépressive dans les deux groupes pendant la crise suicidaire, bien que les suicidants rapportent mois de colère et de dépression que ceux qui ont des idées suicidaires. Donc la dépression et la colère seraient concomitants chez la plupart des adolescents qui ont des idées suicidaires mais ne seraient pas nécessairement un risque supplémentaire d’une tentative de suicide.

    Conclusion 

    Les patients qui ont des idées suicidaires continuent à être plus en colère après la période d’idéation et rapportent une augmentation d’un sentiment de dissociation pendant la crise.

    Le désespoir, une tendance à s’isoler, ne pas parler aux autres, et la possibilité de la persistance de l’idéation pourrait servir comme marqueurs spécifiques des tentatives de suicide et non des patients ayant des idées de suicide.

    L’évaluation prudente du diagnostic de ces facteurs, les circonstances externes, et les situations de stress psychologiques pourraient significativement améliorer les efforts de prévention et de traitement des adolescents à haut risque suicidaire.

    GARY et al.(1999) dans une étude portant sur 66 patients posent l’hypothèse suivante : la spécificité de l’évaluation du risque de répétition d’un parasuicide peut-elle être prouvée par la mesure de deux variables psychologiques ?

    Il s’agit d’une étude de cohorte de 66 patients, mais l’étude est fortement biaisée par un nombre de perdus de vue considérable à la fin de l’étude (23 sur 66 patients).

    Niveau de preuve : 5 (American college of chest physicians)

    Méthode :

    Il s’agit d’une étude longitudinale de patients qui ont effectué un parasuicide, définis comme à haut risque sur des critères socio-démographiques, suivis sur 12 mois.

    66 patients : 36 hommes et 30 femmes.

    Critères d’inclusion : patients âgés de 16 à 65 ans, ayant effectué un parasuicide nécessitant une admission dans une structure de soins, sans trouble psychotique ni organique ; patients identifiés comme intermédiaire par rapport au risque élevé de répétition dans le futur sur la base de la présence de 5 ou plus des 11 critères de facteurs de risque sociodémographiques décrit par KREITMAN et FOSTER (1991).

    Les patients après une un surdosage de médicaments remplissent aussi tôt que possible un test de mémoire autobiographique, un test sur leur futur, et l’échelle de désespoir de BECK.

    Les instruments utilisés sont :

  • Autobiographical Memory Test (WILLIAMS et BROADBENT, 1986)
  • BECK Depression Inventory (BECK et al., 1961)
  • BECK hopelessness Scale (BECK et al., 1974)
  • 36 d’entre eux remplissent le questionnaire suivant :

  • Personal Future Task ( MACLEOD et al. 1993)
  • Résultats :

    Le plus puissant facteur prédictif de la répétition d’un parasuicide est le score de l’échelle de désespoir, alors qu’à plus long terme le nombre d’antécédents de parasuicides est le facteur prédictif majeur.

    Conclusion :

    Pour la population hétérogène des parasuicides dans son ensemble, les variables psychologiques n’ont pas montré un plus par rapport à l’échelle de désespoir de BECK, les facteurs de risques socio-démographiques et l’entretien clinique dans la prévention de la répétition des parasuicides.

    Cependant des différences significatives ont été trouvées entre les récidivistes et les non récidivistes pour ces deux variables psychologiques, avec une corrélation significative entre le désespoir et le discours positif pour le futur ; ces paramètres psychologiques pourraient être alors un élément clinique à utiliser pour des sous groupes de patients ayant effectué un parasuicide ; leur impact est dilué quand on étudie l’ensemble du groupe des patients ayant effectué un parasuicide.

    NASSER et OVERHOLSER (1999) essaie de comprendre si la létalité de tentatives de suicide et ses relations pour d’autres variables psychologiques pourrait améliorer le jugement clinique avec un regard sur le risque suicidaire.

    Cette étude a été effectuée sur un trop petit échantillon pour en conclure des résultats significatifs.

    Il s’agit d’une étude randomisée peu puissante.

    Niveau de preuve =2 (SACKETT).

    Méthode :

    L’échelle de létalité des comportements suicidaires (SMITH et al., 1984) est utilisée pour évaluer la létalité.

    La létalité d’un comportement suicidaire est examinée chez 60 adolescents hospitalisés qui ont récemment fait une tentative de suicide. Les sujets sont divisés en groupes non létals, faiblement létals, hautement létals, basés sur la qualité de leur acte suicidaire.

    Résultats :

    Les groupes ne diffèrent pas en terme de désespoir, de dépression, d’abus de substance et d’estime de soi. Ils ne diffèrent pas significativement pour les diagnostics de dépression majeure, de trouble de l’adaptation, d’abus de substance, et de trouble bipolaire.

    Le groupe des tentatives à haute létalité était le seul dont plusieurs individus ont été diagnostiqués avec un trouble dépressif majeur et une comorbidité de type trouble de l’attention déficitaire. Le groupe à haute létalité rapporte également un désir le plus fort de mettre fin à leurs jours.

    Conclusion :

    En se basant sur la létalité des tentatives de suicide, les adolescents suicidaires peuvent être différenciés en terme d’espoir de mourir aussi bien qu’avec certains types de diagnostics comorbides. Cependant, ils ne seraient pas différenciés en terme de sévérité de la dépression ou de désespoir, de variables démographiques et autres aspects de comportement suicidaire.

     

    Les résultats de cette étude sont limités par le fait que ceux sont des sujets déprimés qui ont été inclus dans l’étude. Il est ainsi difficile d’évaluer le rôle que les désordres affectifs et les symptômes dépressifs pourraient jouer dans la létalité des tentatives de suicide.

    Corruble et al. dans une étude sur l’impulsivité essaient de rechercher le rôle de l’impulsivité clinique chez les patients déprimés, dans les tentatives de suicide.

    Les limites méthodologiques de cette étude : étude comparée non randomisée sur un faible nombre de patients (N=50) ; étude sur une courte durée ; manque de puissance de l’étude.

    Niveau de preuve = 4 (SACKETT)

    Méthodes : 50 patients déprimés sont évalués pour l’impulsivité avec l’impulsivity rating scale et la Barrat impulsivity scale , à l’admission (w0) et après 4 semaines (w4) de traitement. Deux sous groupes de patients sont comparés : un groupe de patients qui ont effectué une tentative de suicide (N=16) et ceux indemnes de tentative de suicide (N=34).

    Résultats : l’impulsivité décroît significativement entre w0 et w4. L’échelle et le questionnaire sont peu corrélés, suggérant des différences entre l’évaluation de l’impulsivité des cliniciens et des patients. Les deux sous groupes de patients, patients ayant tenté de se suicider et ceux qui n’ont pas tenté ne sont différents, ni en terme de caractéristiques et traitements antidépresseurs, ni en terme de dépression et évaluation psychopathologique générale. Cependant, les patients suicidants ont des scores plus élevés sur les échelles d’impulsivité que les patients non suicidants, autant au temps w0 que w4. Ces résultats suggèrent premièrement que l’impulsivité peut être autant un trait qu’un état chez les patients déprimés qui ont tentés de se suicider et deuxièmement que c’est peut être un révélateur en terme de tentatives de suicide dans la dépression.

     

    L’étude de KEVIN et al. (1995) examine comment les évaluations cliniques précises de routine documentent une histoire de comportement suicidaire évident chez les patients avec un diagnostic de dépression majeure. La deuxième question explore les facteurs possibles influençant la qualité de la documentation clinique habituelle d’un comportement suicidaire, tel que la létalité des comportements, la comorbidité par rapport à l’axe II, et la présence d’une tentative de suicide récente.

    Il s’agit d’une étude comparée non randomisée sur un petit échantillon ;

    Niveau de preuve = 4

    Méthode :

    Les registres hospitaliers de 50 patients qui ont une histoire de comportement suicidaire étaient examinés pour évaluer le nombre de tentatives de suicide, l’idéation suicidaire, la conception du comportement, la plus létale médicalement des tentatives de suicide, et l’histoire familiale de comportement suicidaire. Ces mesures de comportement suicidaire sont comparées avec une évaluation de recherche .

    Résultats :

    La documentation du comportement suicidaire était moins exacte dans les retours sommaires des médecins, et était plus exacte dans l’évaluation hospitalière qui a employé un questionnaire semi structuré pour rapporter les informations cliniques des comportements suicidaires.

    Conclusion :

    Un degré significatif de comportement suicidaire passé n’est pas rapporté pendant l’évaluation clinique de routine, et l’utilisation d’instruments semi-structurés pourraient améliorer la documentation et la détection d’un comportement suicidaire.

    Existe-t-il des instruments d’évaluation, de mesure standardisés ?. Sont-ils adaptés aux besoins des intervenants ? aux besoins des chercheurs ?

    HJELMELAND et al. (1998), dans le cadre de l’étude multicentrique WHO/EURO sur le suicide

    examinent les différents aspects de l’intention suicidaire et les différentes motivations pour définir un index parasuicide qui peut prédire une répétition non fatale ou fatale d’un comportement suicidaire.

    Les différents centres qui ont participé à l’étude sont situés en Finlande, Norvège, Danemark, et la Suède.

    Pour cette étude une échelle spécifique a été désignée : European Parasuicide Study Interview Schedule (EPSIS 1 et 2).Le premier entretien a eu lieu dans la semaine qui a suivi le parasuicide ; le deuxième entretien a eu lieu 12 mois plus tard. Le EPSIS 1 a été enregistré durant deux années de 1990 à 1992. Pour cette étude seulement le EPSIS 1 est utilisé.

    Il s’agit d’une étude comparée non randomisée sur un échantillon correct (N=775). Il existe des biais dans l’évaluation, du fait de la diversité des centres d’évaluation.

    Niveau de preuve = 3 (SACKETT).

    Les instruments utilisés :

    SIS : suicide intent scale (BECK et al., 1974)

    MPQ : motives for parasuicide questionnaire ; il a été fait spécialement pour le programme EPSIS et contient une liste de 14 raisons et de motivations possibles de commettre un acte suicidaire.

    L’étude est faite sur 775 patients dont 472 femmes et 303 hommes.

    Le niveau total de l’intention suicidaire mesurée par le SIS était relativement bas pour les hommes autant que pour les femmes.

    Les éléments prédictifs pour la répétition non fatale était un score plus élevé de dépression et moins élevé sur le total de la SIS.

    Le total des scores de la SIS et les facteurs " intention de mourir " et "  précautions contre la découverte " de la SIS sont significatifs mais non prédictifs d’une répétition non fatale. En effet ceux qui répètent un parasuicide dans les 12 mois ont des scores moins élevés de ces facteurs que ceux qui ne répètent pas leur geste.

    Ces résultats indiquent que l’on ne gagne rien à diviser en plusieurs sous échelles d’intention suicidaire la SIS, en ce qui concerne la prédiction d’une répétition.

    Ni le score total de la SIS ni le score des sous échelles de la SIS ne sont des facteurs prédictifs significatifs de la répétition fatale, laissant cet instrument inefficace comme outil prédictif du suicide qui suit un parasuicide. Ces résultats sont en accord avec les résultats des précédentes études (PALLIS et al., 1984 ; PIERCE, 1981).

    HJELMELAND (1996) a trouvé que la verbalisation de l’intention de mourir chez les patients qui ont effectué un parasuicide est prédictif d’un futur suicide. BANCROFT et al. (1976) ont suggéré que, bien qu’il soit difficile de faire confiance aux propos que rapportent les patients parce qu’ils veulent souvent justifier ou excuser leur comportement, c’est le meilleur révélateur à prendre au sérieux.

    A l’inverse de la sous échelle de l’intention de mourir de la SIS, la sous échelle de l’intention de mourir 2 du MPQ ne prédit pas la répétition d’un comportement suicidaire.

    Cette étude a ses limites méthodologiques que nous devons prendre en considération pour évaluer les résultats :

    Les données ont été recueillies dans différents pays , les interviews ont été menés par différents interviewers. Cependant c’est un problème seulement pour la SIS puisque le MPQ est un autoquestionnaire ; d’autre part l’échantillon d’interviews n’est pas représentatif pour l’ensemble des traitements des parasuicides.

    Conclusion

    Les résultats de cette étude suggère qu’un score bas de la SIS est un facteur prédictif significatif d’une répétition non fatale d’un comportement suicidaire autant pour les hommes que pour les femmes. Les sous échelles de la SIS n’augmentent pas la valeur prédictive de l’échelle. La motivation " vouloir faire des choses plus facilement que quelqu’un d’autre " est un facteur prédictif significatif pour la répétition non fatale chez les femmes mais pas chez les hommes. L’expression de motivations pas claires pour le parasuicide est un facteur prédictif significatif pour un suicide futur chez les femmes. Cependant, dans les études futures sur la prévention de la répétition d’un comportement suicidaire ce pourrait être utile de combiner l’intention suicidaire et les motivations avec d’autre variables cliniques et psychologiques dans le but d’augmenter la valeur prédictive de ces variables.

     

    Osman et al.(1998) ont pour but dans cette étude de développer une mesure d’auto-évaluation focalisée sur les facteurs d’adaptation qui sont relevés dans l’évaluation du comportement suicidaire des adolescents. Cette mesure était destinée à être courte, fiable et valide pour l’utilisation en clinique et en recherche. D’autre part, parce que le comportement suicidaire des adolescents peut contenir une variété de facteurs, cette mesure est également destinée à être multifactorielle.

    La rationnalité de cette mesure est basée sur une hypothèse cognitivo-comportementale du comportement suicidaire. Ce modèle présume que les individus non suicidaires ont des attentes et convictions adaptatives spécifiques qui sont différentes de celles des patients qui tentent de mettre fin à leurs jours.

    Il s’agit d’une étude randomisée

    Niveau de preuve =2 (SACKETT)

    Les limitations de l’étude : bien que les stratégies utilisées pour développer et valider aient fermement suivi les tests de développement actuels et les procédures de validation, plusieurs inconvénients pourraient être notés. Premièrement, toutes les mesures utilisées pour valider la RFL-A sont des questionnaires d’auto-évaluation. Deuxièmement, l’échantillon de patients est petit et restreint aux patients psychiatriques. Troisièmement, l’évidence du facteur invariance chez les garçons et les filles n’est pas pris en compte entièrement dans nos premières analyses.

    Les différentes phases :

    Phase 1 : Facteur structure de la RLF-A

    Un premier échantillon (N=350) est randomisé ; on étudie les facteurs suivants

  • optimisme futur
  • préoccupations autour du suicide
  • alliance familiale
  • acceptation et soutien des pairs
  • auto acceptation
  • Phase 2 : Cross-Validation et propriétés initiales de la RLF-A

    En plus de la RLF-A sur ce deuxième échantillon randomisé les échelles suivantes ont été utilisées :

  • SPS : suicide probability scale (CULL et GILL, 1982)
  • BSI : briefs symptoms inventory (DEROGATIS, 1992)
  • BHS : BECK hopelessness scale (BECK et al.,1974)
  • SBQ : suicidal behaviors questionnaire (LINEHAN et NIELSEN, 1981)
  • Phase 3 : Validation supplémentaire de la RLF-A

    Cette phase utilise 8 items adaptés de l’échelle de l’intention suicidaire de BECK(SIS ; BECK et al. 1974) . En plus de la RLF-A, tous les participants ont aussi complétés la SBQ, SPS, BHS, BSI.

     

    L’étude décrit le développement et les propriétés psychométriques initiales d’un nouveau questionnaire d’auto-évaluation (le RLF-A) pour l’évaluation des raisons adaptatives des adolescents pour vivre.

    Les résultats de la phase 1 suggèrent que le facteur structure de cette mesure est important du fait de la multidimensionnalité des déterminants de l’idéation et du comportement suicidaire chez l’adolescent.

    Dans la phase 2, le total de la RLF-A et les échelles sont corrélés modérément et négativement avec les mesures correspondantes des comportements suicidaires, montrant ainsi la validité convergente de la RLF-A.

    Les relations entre les mesures de RLF-A et les constructions correspondantes de désespoir, de dépression, de désarroi sont cohérents avec la recherche sur les relations entre les échelles originales RLF-A et les mesures comparables de psychopathologie.

    Les adolescents qui ont rapportés des raisons adaptatives de vivre ont une fréquence faible de symptômes psychologiques incluant le désespoir, la dépression et le désarroi.

    Dans la phase 3, une analyse par genre a montré les effets significatifs du genre et du groupe (aucune intéraction significative de ces effets).

    La RLF-A prend en compte certaines dimensions du comportement suicidaire des adolescents que ne prend pas celle des adultes.

     

    Beverly et al.(1998) décrivent une étude à partir de The minnesota multiphasic personnality inventory for adolescents (MMPI-A), développée pour l’évaluation de la psychopathologie de l’adolescent.

    Ainsi cette étude est une tentative initiale pour examiner l’utilité de la MMPI-A et les sous-échelles de HARRIS-LINGOES dans l’évaluation des facteurs de risque suicidaires chez l’adolescent hommes et femmes dans une population psychiatrique, au delà de ce qui a été montré avec les échelles cliniques de base.

    Il s’agit d’une étude non randomisée, sur un petit échantillon.

    Niveau de preuve = 3 (SACKETT).

    Méthode

    143 patients adolescents (68 garçons et 75 filles), recrutés dans une population psychiatrique.

    La moyenne d’âge est 15,9 ans (SD= .84), sans différence significative de moyenne d’âge entre les garçons et les filles.

    Les diagnostics sont donnés à partir du DSM III-R ; les diagnostics de l’axe I sont les suivants :

  • troubles dépressifs : n= 24
  • troubles oppositionnels avec provocation : n=20
  • troubles des conduites : n=58
  • troubles : déficit de l’attention/ hyperactivité : n=10
  • troubles de l’adaptation avec humeur dépressive : n=8
  • dysthymie : n= 11
  • autres diagnostics psychiatriques : n=12
  • 5 patients ont été retirés de l’étude pour épisode psychotiques aigus ou réponses incomplètes de l’autoquestionnaire.

    les mesures sont faites à partir du

  • MMPI-A (BUTCHER et al., 1992) : 478 items
  • Suicide probability Scale : 36 items d’autoévaluation du comportement suicidaire (CULL et GILL, 1982) ; cette échelle comprend 4 sous échelles : idéation suicidaire, mauvaise estime de soi, désespoir, et hostilité.
  • Cette échelle est un instrument de haute performance.

    Les résultats de cette étude mettent l’accent sur le rôle de la dépression, les problèmes de l’environnement à la maison, la consommation de substances, les difficultés scolaires, l’activité sexuelle, l’hostilité, le comportement hypomane et les fluctuations thymiques.

    Spécialement chez les garçons les échelles " adolescents-aliénation " et "adolescents-anxiété " contribuent à la prédiction de la probabilité suicidaire. Cette donnée couplée avec la signification des échelles " aliénation sociale " et " auto-aliénation " des sous-échelles de HARRIS-LINGOES, éclaire sur le rôle de l’aliénation comme facteur de risque suicidaire important chez les garçons.

    Pour les filles les rôles de la famille, la dépression, et inconfort social jouent un rôle important.

    La MMPI-A et les sous échelles HARRIS-LINGOES sont utiles en montrant plus d’informations spécifiques au delà de ce qui est montré avec les échelles classiques. Cette étude montre également l’importance d’examiner les différentes échelles pour chaque genre.

     

    Wang et al.(1997) étudient de façon rétrospective des protocoles de PAI ; comme une étude d’archives, les dossiers cliniques sont revus systématiquement de la période du 1er septembre 1996 au 10 février 1997. Tous les dossiers contenant des protocoles de PAI sont examinés en relation avec les autres mesures psychométriques. Un total de 334 profils de PAI sont sélectionnés.

    Les instruments utilisés :

    PAI :la personnality assessment inventory est un inventaire de plusieurs échelles pour l’évaluation des styles de réponses, des syndromes cliniques communs et des considérations thérapeutiques. Pour cette étude 3 échelles ont été particulièrement retenues : negative impression (NIM)of malingering, suicidal ideation (SUI) pour les pensées et risque suicidaires, et agression (AGG) pour le potentiel de violence.

    Nous nous intéresserons dans cet article, uniquement à l’échelle de l’évaluation du risque suicidaire du PAI.

    Les instruments pour l’évaluation du risque suicidaire :

    L’évaluation du risque suicidaire a été développée par le département de psychologie ; cette évaluation comporte 73 facteurs de risque de suicide tirés de la littérature (BONGAR, 1991).

    Les comportements considérés être une menace de suicide incluent les gestes suicidaires, l’idéation suicidaire et les menaces verbales suicidaires, et ont un score > 70 à l’échelle du PAI SUI.

    Par rapport à l’histoire des problèmes concernant la prévention du risque suicidaire les résultats sont encourageants. La PAI suicidal idéation (SUI) est modérément corrélée avec le nombre de gestes suicidaires sérieux. La SUI sépare également les patients qui n’ont pas de comportement suicidaire de ceux qui ont exprimé des menaces verbales qui les ont conduit à être placés dans un environnement restreint (enfermement). Encore plus important, la SUI sépare les patients qui ont fait un geste suicidaire sérieux de tous les autres, y compris ceux qui n’ont pas agi sur leurs menaces verbales. Ainsi l’élévation du score de l’échelle SUI peut être une information utile et valable pour le potentiel de sévérité d’un geste suicidaire sérieux.

    BECK et al (1997) proposent une nouvelle étude d’une échelle d’évaluation ; la mesure de l’idéation suicidaire comme un indicateur du risque suicidaire est proposée depuis deux décades par BECK et al. (1972). BECK, KOVACS et WEISSMAN (1979) ont développé une échelle clinique de 19 items, l’échelle de l’idéation suicidaire (SSI-C). Cette mesure était faite pour quantifier la sévérité de l’intention suicidaire.

    Malgré la validité prédictive de la SSI-C, les patients ayant des idées suicidaires et commis un suicide n’avaient pas de scores aussi élevés que les patients ayant des idées suicidaires sans avoir commis de suicide. Ainsi cette échelle a montré qu’elle n’évaluait pas sur le long terme ou la chronicité. Ce fut l’hypothèse que le rapport rétrospectif d’une idéation suicidaire , c’est le point le plus sévère qui pourrait refléter le mieux le potentiel suicidaire. Ainsi, une nouvelle mesure a été développée, the scale for suicide ideationworst (SSI-W), pour évaluer l’idéation suicidaire comme le " pire point " dans une vie, et en utilisant le même format d’item que la SSI-C.

    A partir de la validité établie des échelles SSI-C et SSI-W, cette étude recherche la fiabilité et la validité de ces deux échelles chez des patients ambulatoires. La revue de la littérature n’a pas trouvé d’études qui ont recherché les propriétés de ces échelles chez les patients en ambulatoire.

    Méthode :

    4063 patients (à partir de 13 ans)

    Instruments :

  • Scales for suicide ideation ( BECK et al., 1979)
  • Beck Anxiété inventory (BECK et STEER, 1993)
  • Beck Depression inventory (BECK et STEER, 1993)
  • Beck Hopelessness Scale (BECK et STEER, 1993)
  • Revised Hamilton Scales (RISKIND, BECK, BROWN et STEER, 1987)
  • Cette étude a trouvé que la SSI-W et la SSI-C représentaient deux dimensions sous-jacentes de la préparation et de la motivation de l’idéation suicidaire chez les patients suivis en ambulatoire. L’ensemble des composantes de ces deux dimensions correspondent au désir actif suicidaire et la préparation que BECK et al. (1979) ont trouvé dans leur échantillon de patients hospitalisés pour idéation suicidaire. Cependant ces deux études emploient des méthodes d’analyse différentes et sont donc difficilement comparables. Le facteur de structure de la SSI-C et la SSI-W pourrait être évaluer à travers un large spectre de populations de patients hospitalisés ou non, avant que l’on puisse déterminer si ces composantes sont les plus fiables.

    Bibliographie

    BECK AARON T., GREGORY K., BROWN and ROBERT A. STEER : Psychometric Characteristics of the Scale for Suicide ideation with psychiatric outpatients. Behav. Res. Ther., 1997 ; 35 (11) : 1039-1046.

    BEVERLY A., KOPPER, AUGUSTINE OSMAN, JOYLENE R. OSMAN, JOSEPH HOFFMAN : Clinical utility of the MMPI-A content scales and HARRIS LINGOES subscales in the assessment of suicidal risk factors in psychiatric adolescents. Journal of clinical psychology, 1998 ; 54 (2) : 191-200.

    CORRUBLE E. ; C. DAMY ; JD GUELFY : IMPULSIVITY : a relevant dimension in depression regarding suicide attempts ? Journal of affective disorders, 1999 ; 53 : 211-215.

    GARY L. SIDLEY ; RACHEL CALAM ET ADRIAN WELLS ; TREVINE HUGHES ET KIM WHITAKER : The Prediction of parasuicide repetition in a high-risk group. British Journal of Clinical Psychology, 1999 ; 38 : 375-386.

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    Dernière mise à jour : dimanche 29 octobre 2000 19:36:11

    Monique Thurin