Réaction mensuelle d'Abram COEN


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Malaise dans la transmission de la filiation :
Choisir son nom

Dans une société déritualisée, celui de la nomination cède à son tour. Aujourd’hui où la famille en crise est multiforme, après la revendication volontariste du droit à l’enfant à tous prix, quand je veux que le nom du père ne se donne plus systématiquement à ses enfants, pourquoi cela étonnerait - il ? Le nom devient ainsi un objet de choix personnel où, le premier du nom pourra le transmettre, de façon horizontale à sa fratrie !

Faut - il se lamenter d’une telle mutation qui vient souligner que la transmission intergénérationnelle du nom pourra enfin obéir à une " rationalité " nouvelle tenant compte du conflit (celui des géniteurs, ou de la progéniture ?)

A l’heure où chez nous la parité homme femme commence enfin - bien que difficilement - à avoir droit de cité, ne devrait -on pas se réjouir de sortir de plusieurs siècles de domination patriarcale ? Prendre le nom de sa mère ou tout au moins celui des deux fondateurs de sa naissance, voilà qui rétablit une égalité devenue possible après des siècles d’asymétrie ! Par ailleurs, et même si on en parle depuis un peu plus longtemps, on n’arrête pas de constater, se lamenter sur le retrait et l’absence des pères. De là à décrocher de la transmission du marqueur symbolique du nom, qui signe une identité dans le cadre d’une filiation patrilinéaire, voilà qui porte un coup dur au système patronymique datant du Xe siècle !

Que résulte - t il du croisement de deux problématiques différentes ?

- celle de l’égalité politique homme - femme,

- et le nom du père transmis de façon symbolique, qui assigne dans le cadre de la filiation une place qui soustrait l’individu à l’arbitraire.


Ne faudrait -il pas plutôt, au delà d’un lien entre ces éléments, élargir et déplacer la problématique binaire pour prendre en compte une immixtion grandissante de l’ Etat parent au sein des familles ?

Anthropologues et psychanalystes - on connaît l’importance que Lacan attribuait au Nom du Père - seraient - ils rétro en insistant sur la transmission du nom comme donnée fondatrice du sujet et de son origine ? Son effacement risquerait- il alors de nous exposer à de nouveaux désordres ? L’effacement du nom du géniteur vient - il corroborer la fragilité du couple -instable par son essence - et celle de l’instance paternelle, souvent aujourd’hui qualifiée d’absente ?

Autrefois, les parents, le père en particulier, pouvaient être déchus de leurs droits - selon la formule consacrée pour les enfants nés et à naître - s’il se comportaient mal. Aujourd’hui, cette mesure irrespectueuse des droits des parents n’est plus guère de mise. La lente érosion de l’autorité paternelle a déjà été remplacée, dans l’évolution du droit, par celle de l’autorité parentale partagée. On en arrive même, pour sauver la place du père moribond et souvent marginalisé, si non destitué, dans les familles brisées de tenter des mesures de réanimation pour lui sauvegarder une place décente ou tout simplement ses droits confisqués par l’ompnipotence maternelle dans le cas de séparation interminable et de deuil non fait.

Le droit a été pour les juristes un garde fou destiné à tempérer l’autorité paternelle. On mesure le chemin parcouru concernant l’effritement voire la répression de tout ce qui touche à l’autorité paternelle. Il n’ y a pas si longtemps qu’il fallait son nécessaire consentement pour le mariage abrogé en 1907 ; la correction paternelle avait encore cours jusqu’en 1935 ! L’idéologie en cours donnait au père le devoir de transmettre valeurs et éducation. Il convenait pour ce faire d’éviter toute familiarité ou " camaraderie " qui l’affaiblirait après que la Révolution de 1789, en autorisant le divorce réforme la famille. Elle tente toutefois de remplacer l'autorité paternelle par celle de l'affection.

L’Eglise comme la morale laique soutiennent l’autorité paternelle. Les tâches qui incombent aux parents sont précises, dans une recherche d’équilibre et d’harmonie entre les deux rôles.

Le XIX e met en place deux modèles familiaux :

- le modèle bourgeois où le père- bien qu’absent du fait du travail - incarne l’autorité, déléguant à la mère au foyer, la transmission des valeurs. Le mariage repose souvent sur des réalités socio économiques, en particulier de conservation du patrimoine.

- le modèle ouvrier où, l’impératif économique oblige les deux parents à travailler.

L’appel au Maréchal ne représente- t - il pas un recours un substitut paternel, recherche désespérée d’un père mythique sauveur ? La guerre qui décime les pères, pose entre autre la question de la transmission. L ’Etat, qui enterre la fonction paternelle aux monuments aux morts de 14 -18, s’y substitue en prenant en charge les orphelins, pupilles de la nation.

L’issue de l’ordre de la nature par la légalisation de la contraception en 67, et l’interruption volontaire de la grossesse en 75 en insistant sur le désir d’enfant et la programmation volontaire ( ?) des naissances, ont largement contribués au rééquilibrage des sexes.

La société post - moderne caractérisée par la désagrégation familiale avec son lot de pertes, séparations, divorces revoit et corrige le dosage des rôles conférant progressivement des droits de fait à la mère gardienne tout en diminuant ceux du père gardien plus occasionnel.

Il en résulte une inversion des rôles ou tout au moins un rééquilibrage où les " nouveaux pères ludiques du dimanche "seraient plus permissifs et affectueux, la mère remplaçant le "père fouettard " ! Cela n’est pas étranger au fait qu’une part importante aujourd’hui des consultations des psy concerne la carence éducative majeurs des enfants amenés par des parents dépassés par le débordement pulsionnel de leurs enfants en quête de contenants fiables.

Le droit de regard de la parentalité d’état, au nom du "bien de l’enfant " et de sa protection, s’interpose entre père et mère, rétablissant - à son profit - l’autorité paternelle quand elle est défaillante ou mal exercée. Elle crée des tribunaux de famille, la matrimonialité se réduisant, Elle impose au père des règles strictes, soutien et fait alliance avec la mère le plus souvent. Les allocations familiales sont chez nous - contrairement à la Grande Bretagne - versées à la mère. Depuis 1961 on assiste à une multiplication des divorces et un effacement progressif du père qui délègue à la mère tous les pouvoirs à l’intérieur de la famille, même quand elle existe encore, lui occupant essentiellement une place à l’extérieur.

1968 génération du " babyboom ", on assiste - dans le cadre d’une guerre des générations où il est " interdit d’interdire " - au rejet de toutes les formes d’autorité, en particulier celle des parents. Les enfant d’alors sont précisément en position parentale aujourd’hui léguant à leurs enfants ce qui leur a été transmis.

L’irruption des Droits de l’enfant et son inflation qui recouvre, au risque de les effacer, ses devoirs, semble avoir rétabli des rapports plus horizontaux et faussement égalitaires pouvant parfois remettre en cause le pouvoir des ascendants. Ceux -ci se plaignent d’être tétanisés par les menaces de leur progéniture : "tape moi et je te dénonce, à la brigade des mineurs ou au juge pour enfants ! ".

Dans un tel contexte, le choix du nom est -il un symptôme de plus de la post modernité ou simplement un avatar d’un changement de moeurs inévitable remettant en question - après l’assistance médicale à la procréation -filiation et transmission transgénérationnelle?

A. C O E N (Saint Denis)


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Commentaires :

Pour ma part j'adhère complètement à cette possibilité de donner le nom des deux parents à un enfant. La loi n'est pas encore votée mais je souhaite qu'elle le soit.
Mariée, je dois chaque jour lutter pour garder mon nom, bien que le fait de prendre le nom de l'époux ne soit qu'une convention pas une loi. La lutte contre les idées reçues est parfois difficile, on vous colle d'autorité le nom marital, pourquoi cette hargne ???? Je suis une entité, mon mari une autre, nous avons décidé de nous marier, pourquoi cela devrait-il effacer l'une des deux au profit de l'autre? Devenir Mme Machin et oublier Mlle Truc, non !!!!
Pourquoi dans ce cas la mère n'aurait-elle pas le droit de donner aussi son nom à son enfant ?

Karin M.


Le devoir de transparence


Aujourd’hui où l’inflation de l’image domine et semble prendre le pas sur l’écrit et l’entendu, l’impératif de visibilité s’impose à la génération du Webcame et de la téléphonie sur internet avec visualisation du correspondant. La révélation des « affaires « et leur règlement judiciaire vont bon train.Après l’opération mains propres de nos voisins, chez nous également la justice se charge de rétablir une lisibilité et un ordre bousculé.

La littérature,de son côté,n’est pas en reste puisque dans quelques publications récentes,certains auteurs cherche à témoigner, en dévoilant, ce que chacun a toujours voulu savoir sur la sexualité et la jouissance féminine sans jamais oser le demander. Enfin, l’intimité mise à nu !

L’engouement pour Loft story qui crève l’audimat témoigne de la curiosité en éveil et de l’appétit d’un public voyeur ravi de connaître enfin les dessous : des rencontres humaines et/ou du jeu de massacre ?- et qui se régale. L’écho de cet événement médiatique se fait entendre jusque dans les consultations pour enfant,ce qui confirme le caractère familial de son audience qui se veut tout public. S’agit -il d’une leçon d’éducation ou d’excitation sexuelle autorisée par les parents et qui ferait l’économie- l’image étant parlante de soi - de son commentaire ?

Ce qui frappe dans cette entreprise de dénudation de l’intime -outre le fait d’être cautionnée par un psychiatre - c’est le déni de la souffrance de l’assujettissement à des pratiques concentrationnaires des,comment faut -il dire : cobayes, objets d’expérience, esclaves consentantes ? Quel est ici la place de la pensée,de la réflexion apparemment anesthésiée,dans ce jeu - de massacre ?- où l’éthnicité n’a pas manqué à l’appel !

Le droit de regard, dans une société où le citoyen est fiché, listé, pisté, implique que plus rien n’échappe et qu’il n’y a donc que peu de place à l’inconnu, l’imprévu, l’ innoui, la surprise ! Une des premières questions à laquelle est soumis l’usager du téléphone portable qui reçoit un appel n’est -elle pas : »où es tu ? ».Cela traduit - il la curiosité de celui qui appelle,une difficulté de séparation, un besoin d’emprise - maternelle -pour laquelle il n’y a pas de secret,un devoir de surveillance ou plus simplement une nécessité de réassurance ?

L’impératif de sécurité,qui semble avoir détrôner celui autrefois plus large de sûreté, nous impose dans sa logique défensive un devoir de surveillance accru. Le regard de la caméra qui veille et scrute comme cela se fait parfois, de façon encore expérimentale par des parents qui peuvent enfin prendre de la distance d’avec leur bambin tout en le surveillant ainsi que ...sa babysitter.Nous sommes déjà familiers de ces pratiques de filmage -sans même donner notre autorisation - qui sont passées dans les moeurs ;en particulier dans les banques, où l’usager est parfaitement consent à être filmé pour prévenir un éventuel braquage, ce qui ne semble pas dissuasif pour autant.

Nous voilà gagnés par l’idéologie du gardiennage qui subrepticement s’installe, occupe le terrain sans même plus étonner ! Sauvegarde,prudence, prévision du danger semble être les impératifs les mieux partagés. Quand il faut se préserver, les principes de précaution et de prévention vont de soi. Nous l’avons bien vu avec la maladie de la vache folle qui justifie pour l’acheteur le souci de traçabilité de la viande consommée.

La méfiance gagne tous les terrains, le besoin de se défendre également. Que redoute - t - on enfin ? Dans un monde où les anciens sont de plus en plus nombreux,la suspicion généralisée à l’encontre des « troublions » et des « jeunes difficiles des banlieues » va - t elle réussir à creuser le fossé des générations en divisant la population en deux groupes dont l’un se méfie de l’autre, le surveille, et « l’a à l’oeil « !

Les médecins s’y mettent aussi. Un certain nombre de généralistes se plaignent - à juste titre - d’être mal rémunérés pour un métier de plus en plus à risque. Certains d’entre eux chercheraient même à se convertir. Ils en viennent à redouter « le dernier client » qui n’en est pas un,mais qui vient néanmoins rafler la caisse du jour, de façon souvent plutôt incivile ! Nos confrères de plus, refusent à assurer les visites d’urgence dans des quartiers sensibles, où même la police n’ose plus s’aventurer.La pratique, encore expérimentale, mais qui doit se répandre,des Maisons de la Santé devrait les rassurer.Situées en centre ville,elles regroupent plusieurs praticiens qui pourraient enfin assurer, dans des conditions plus sereines et moins périlleuses leur tâche .Cette innovation - obligée - aurait, de plus le mérite de désengorger les urgences hospitalières, qui sont envahit (dès seize heures dans certains établissements où les caisses ferment ) par toutes sortes de demandes - de réassurance - qui autrefois se résolvait dans l’intimité du cabinet du médecin de famille.

La pratique de l’observation et le compagnonnage avec les aînés sont à la base même de la formation médicale. Autrefois, les stagiaires participaient - à visage découvert - aux consultations publiques à visées didactiques du chef de service. Dans le cadre de l’enseignement en psychiatrie, de l’enfant en particulier, depuis longtemps déjà les étudiants participent aux entretiens- individuels ou de famille -mais,derrière une glace sans teint.

Aujourd’hui, au delà des techniques d’observations, ce sont d’avantage les grilles et questionnaires en tous genres ont envahis notre champ de formation et de travail, évaluation et épidémiologie obligent! Rien n’échappe plus à la vigilance du regard qui, en infère, en particulier quand il s’agit de nourrisson, de l’inter personnel à l ’intra psychique. Un tel saut épistémologique est - il pour autant pertinent ?

L’image est également mise à contribution dans la recherche à partir des films et albums de famille pour tenter de mettre en évidence post hoc des signes précurseur de l’autisme précoce ou de la psychose infantile.Il s’agit du point de vue méthodologique, d’une lecture et d’une interprétation d’après coup- dans un but didactique,le diagnostic étant confirmé -en vue de relever d’éventuels signes précurseurs qui auraient échapper à la vigilance des cliniciens et de la famille.

Lors d’une proposition de travail en réseau avec des directeurs de collèges et des principaux de lycées de circonscription,le psychiatre fut interpellé en guise de préalable : »j’espère que vous n’allez enfin plus invoquer le sacro - saint secret médical qui nous empêche de travailler ensemble « ! Cet appel au lien par le partage du secret médical, privilège du « pouvoir soignant » ; sa dilution,son effacement n’est pas sans poser problème. Indépendamment du fait qu’il s’agit d’une obligation déontologique et juridique, le propre d’un secret, quel qu’il soit - il pas précisément l’exclusion d’un tiers ?Cela semble en contradiction avec l’impératif de transparence : tout maîtriser, tout partager de la connaissance des usagers,dans le cadre des réunions pluri - professionnelles qui rassemblent les différents intervenants, le plus souvent dans une situation de suspicion d’enfance en danger, afin que « rien n’échappe « et qu’enfin les décisions gagnent en pertinence dans « l’intérêt de l’enfant » bien sur.

L’interprétation de la loi de 1989 qui délie du secret médical dans ce cas précis, s’est beaucoup assouplit en permettant de prendre le temps de comprendre et d’éviter les signalements systématiques du début de sa mise en place et qui ont eu pour seul effet paradoxal d’engorger la machine judiciaire en l’empêchant de fonctionner.

Les progrès considérables des techniques d’imagerie ont permis de dévoiler, de visualiser des lésions infra cliniques et de mettre en place très précocement des traitements précoce qui permettent d’éviter des évolutions, malignes en particulier. Qu’en est -il quand une incertitude existe sur l’interprétation d’une image, qu’une malformation foetale échappe à la vigilance de l’ultrasonologiste ou tout simplement qu’elle n’est pas décelable ? Bien des anomalies sont découvertes après la naissance alors que la grossesse a été normale.. En effet, seules 50 à 55% de celles ci sont décelables,qu’en est -il alors du reste ?De plus, bien des malformations congénitales échappent encore et à l’imagerie et au caryotype !

L’échographie prénatale soulève - aujourd’hui où le « droit à ne pas naître » semble reconnu par la Cour de Cassation qui entérine la jurisprudence Péruche - de très nombreux et graves problèmes. Trois autres affaires mettent à mal les échographistes accusés de » fautes » en ne détectant pas des anomalies du foetus pendant la grossesse conférant à l’échographie obstétricale le caractère d’ une pratique à risque. L’obligation de résultat semble de plus en plus, ici comme ailleurs, se substituer à l’obligation de moyens autrefois requise.

Quelle anomalie, notre société phobiquee est - elle capable de tolérer ? Un orteil surnuméraire justifie - t - il un avortement médical ?Notons au passage que ce changement d’appellation de l’interruption de grossesse de « thérapeutique » à » médicale » ouvre précisément la voie à la prévention- de toute défectuosité - et à la recherche potentiel sur l’embryon.

L‘embryon et le foetus humain n’ont toujours pas de statut juridique chez nous, comme vient encore de le confirmer une jurisprudence. Au delà des problèmes éthiques que cela pose, c’est sur l’aspect politique,que l’harmonisation européenne risque de buter, en particulier sur l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme proclamant le droit à la vie. En effet, il convient à ce sujet,de souligner le paradoxe de la position française qui ne peut conférer un statut à l’embryon et dépénaliser l’avortement comme le prévoit la loi de 75 et la récente extension du délai d’interruption volontaire de grossesse. Cette même loi,du reste, proclame dans son article premier le respect de tout être humain dès le commencement de la vie !

La diversité des législations européennes remet au goût du jour les questions qui se posaient déjà au moyen âge pour départager homicide foetal volontaire et involontaire : l’enfant est - il mort né ou a t - il été tué à la naissance ?Ce qui renvoie à la question de la protection de la vie avec les tenants de sa protection dès la naissance et ceux dès sa conception.

C’est ainsi qu’une non lisibilité d’un handicap pendant la grossesse constitue une faute médicale portant préjudice: aux parents en les privant du recours au droit à l’interruption médicale de grossesse ; mais aussi à l’enfant en lui reconnaissant un « droit de ne pas naître ». Le débat est lancé entre les tenants du » droit à ne pas naître « et ceux qui défendent le fait que « nul n’est recevable à demander une indemnisation du fait de sa naissance ».

Des abîmes s’entrouvrent. à l’heure de l’aide médicale à la procréation, qui fait l’économie de la rencontre des sexes,une découverte récente ne substitue - t - elle pas une quelconque cellule de l’organisme à l’ancienne nécessité du sperme qui semble avoir vécue.

On a beaucoup insisté sur l’aspect « volontariste « de la reproduction, qui reste à prouver ;sur le désir d’enfant, voire le choix sur catalogue de l’embryon à implanter.
A l’inverse,on ne choisit pas ses parents,encore que Françoise Dolto disait aux enfants survivants, de manoeuvre abortives ou de grossesse à risque, rendant hommage à leur courage d’agrippement,combien ils avaient voulu s’accrocher à la vie et naître chez ce couple là.Chacun d’entre nous devant se débrouiller avec les parents qu’il a,et la transmission intergénérationelle qu’il reçoit en héritage. De là à ce que des enfants attaquent leur parents en justice pour les avoir fait naître, et à fortiori handicapé,il n’y a qu’un pas qui semble avoir été franchi aux Etats Unis.

En liant maladies et anomalies à une faute médicale possible, mettant en cause la responsabilité professionnelle, le glissement est autorisé de lier l’existence même la maladie au médecin garant de la bonne santé ; conception familière à la médecine chinoise.

L’arrêt de la Cour de Cassation ferait penser à une préférence de la non existence au handicap, facilitant le glissement vers l’eugénisme.De plus, la crainte d’être attaqué risque de pousser - principe de précaution oblige - à la pratique de l’avortement larga manu. Ne faut -il pas voir ici poindre une nouvelle forme de l’exigence de l’enfant parfait ?

Au delà de ces considérations philosophiques c’est la question même de la recherche médicale sur l’embryon - in vitro - qui est posée comme en témoigne la difficulté d’une position commune telle qu’elle apparaît dans :
- la Convention européenne sur les droits de l’homme et la biomédecine de 1996 qui a renvoyé à ses Etats signataires le soin de réglementer cette recherche.
- la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme adoptée à l’unanimité lors de la Conférence Générale de l’UNESCO du 11 Novembre 1997 qui bien qu’elle considère le génome humain patrimoine de l’humanité ne comporte pas de disposition particulière sur le statut juridique de l’embryon.

Entre le consentement à une vie concentrationnaire en dénudant son intimité livrée sans pudeur au grand public et un eugénisme d ’Etat avec l’installation d’un « droit à ne pas naître » sans même parler de l’inflation du besoin de sécurité,serions nous de retour à l’idéologie nazie des années 33 où l’élimination des handicapés et des malades mentaux -parce que « leur vie ne valait pas la peine d’être vécue ! « a précédé celles des juifs, des gitans,et des homosexuels ?

L’impératif de transparence,la prégnance de la visualisation, le partage de l’intime, l’abolition du secret,l’étalage, la mise en pâture publique du privé soulèvent bien des questions en particulier celle du sujet,son respect, son l’éthique.Peut - on au moment de l’inflation des narcissismes, sortir de la captation par l’image,fuir le partage de la proximité incestueuse,échapper au regard - maternel - emprisonnant Cela nécessite un travail de pensée pour enfin se décoller et se préserver.Promouvoir « l’oeil qui entend »,tendre l’oreille, malgré ses recouvrements,à la voix paternelle séparatrice, salvatrice bien qu’inaudible aujourd’hui devient un impératif de Santé Mentale.

A. C O E N


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L'été de tous les risques

Les longs parcours au volant de sa voiture transforment le touriste en auditeur passif à l’écoute d’une radio qui déverse un trop plein d’informations dont le cumul finit par être inquiétant.

La transhumance habituelle de l’été et la vacance qui en résulte a révélé les points faibles de notre organisation sanitaire, tout en inspirant diverses rubriques de la radio, la télé et la presse écrite.

Les fermetures de lits faute de personnel ont été problématique pour ceux qui avaient besoin d’une hospitalisation,en particulier en psychiatrie de l’enfant
- encore plus qu’à l’habitude - mais également pour les populations en grande précarité nécessitant des soins et qui affluent vers Paris et les grandes villes à la belle saison.

Cela préfigure t - il la mise en place des 35 heures dans la fonction publique hospitalière et la crise prévisible qui en résultera faute de personnel suffisant ? D’ores et déjà les promesses d’ouverture de postes ne correspondent pas aux besoins, la rentrée risque d’être perturbée par des mouvements revendicatifs.

Les dermatologues ont lourdement insisté - et ils ont sans doute raison du point de vue de la prévention -sur la nécessité de se préserver du soleil et ménager son capital d’ensoleillement. Cela n’a pas empêché les estivants de passer de longues heures à parfaire leur bronzage en se surexposant lascivement sur les plages.

Seuls les jeunes surtout les pré- adolescents et adolescents préférant se rencontrer en loin de la surveillance parentale, semblaient bouder ces plaisirs passifs. Ce qui frappe chez eux, c’est le souci d’une mode propre et la recherche de vêtements de marque,souvent coûteux. Il y a là un marché non négligeable et une mode propre au monde adolescent que les spécialistes ne manquent pas d’exploiter.

Mais l’événement majeur a été le retrait - aussi brusque que maladroit- du marché d’un anti cholestértolémiant qui a beaucoup paniqué les patients surtout du fait de la difficulté de joindre le prescripteur, la plupart du temps absent.

Les médias n’ont pas manqué le rappel à l’ordre, en ce temps privilégié du laisser aller des vacances pour nous rappeler les effets nocifs de nos pratiques habituelles. Le tabagisme, fut -il passif a classiquement été stigmatisé. Les grandes bouffes également, avec leurs excès entraînant hyper :cholestérolémie et glycémie. La sobriété du régime crétois serait d’avantage recommandée pour la longévité Voilà qu’après la médecine préventive, et la palliative, la nouvelle médecine du risque est enfin arrivée avec un soubassement d’ethno et de géo médecine comparée.! Ce risquer étant le plus souvent inaperçu,il convient désormais de traiter- comme le Docteur Knock - tout patient potentiel, et surtout être plus regardant sur les styles de vie si l’on veut un quelconque gain d’espérance de vie et d’économie de santé !.Or c’est précisément le facteur modifiable, par opposition à ceux qui le sont moins : âge, sexe, antécédents héréditaires,équation génétique...Il y a donc bien des inégalités - socio culturelles, économiques, géographiques...face au risque.De plus c’est au nom des libertés que les accrocs résistent au changement !Quand l’autodestruction et le négatif s’emparent du désir !Que dire enfin du paradoxe français ? Classiquement quatre verres de vin augmentent la tension artérielle ;d’où la recommandation de rester en dessous d’autant qu’il constituerait, chez nous, un facteur de protection contre l’infarctus du myocarde!

Nous avons également appris- on s’en serait passé en vacances - que contrairement à ce que l’on savait,des tentatives de suicide de fin de semaine, qu’elles seraient plus fréquentes les jours ouvrables !

Le cerveau des savants livrerait -il le secret de leur réussite, parviendrons nous enfin à comprendre leur mécanisme de fonctionnement et, pourquoi pas, le reproduire ? Ce rêve qui ne date pas d’aujourd’hui où il serait encore plus facilité par les techniques de clonage,est enfin possible ! Les nazis n’avaient - ils pas déjà tentés d’élever des enfants de prix Nobel...sans succès ? L’examen,récent du cerveau retrouvé, d’Albert Einstein,devrait enfin satisfaire notre curiosité pour expliquer son génie ! Or les malformations décelées, sont similaires à celles qui, constatées aujourd’hui sur échographie nous amèneraient à proposer aux parents d’un tel foetus l’indication d’une interruption médicale de grossesse, privant l’humanité de la naissance d’un savant!

On a encore reparlé de clonage,au moment de la conférence de Durban, le Pape y adressait une déclaration contre la » culture d’esclaves » que constituent les clones. Les embryons clonés sont en effet génétiquement assujettis au modèle d’origine. Sans préjuger de l’intérêt du clonage thérapeutique de cellules souches visant à compenser des cellules malades ou âgées,le clonage reproductif représente au delà d’une transgression religieuse, une atteinte aux droits de l’homme.

Il a également été question d’ouvrir des cliniques pour réaliser des clonages humains. Face à un tel projet, reproduisant des êtres humains identiques les uns aux autres en dépit de l’unicité de l’individu, créé à l’image du Dieu également unique nous dit le texte de la Genèse (27)Le clonage humain mettrait un terme à cette donnée fondatrice irréductible dont la transgression n’est pas sans évoquer le retour de l'idolâtrie,dérive que combat ce texte fondateur pour les débordements imaginaires imprévisibles et incontrôlés, où excès et anarchie généralisées peuvent aboutir à des pratiques de sacrifices humains. Le clone n’en est - il pas un ?

A l’approche de la rentrée des classes,on apprenait que les assurances scolaires couvraient désormais un risque nouveau :celui du Racket qui rentre donc dans le cadre du vol ! Qu’on se rassure !

Bonne rentrée
A.C O E N


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Apocalypse now : La mort en direct


L’impossible est survenu ! Le monde a été ébranlé par l’ampleur des images du désastre avec une vision d’apocalypse aussi peu crédible qu’insupportable sur nos écrans et les conséquences qui en résultent par la masse de victimes- directes et indirectes - d’une catastrophe sans précédent.

La pénétration dans l’intimité des foyer d’images terrifiantes vient témoigner d’une mondialisation démocratique L’ébranlement monumental d’une collusion du réel, et de l’imaginaire avec un effondrement symbolique tel qu’il y a désormais un avant et un après le 11 Septembre 2001. Cet événement témoigne d’un changement de niveau et de dimension de la violence de cette attaque sans parler des menaces de ripostes - en miroir ? - prévisibles.

L’invincibilité américaine - sur son propre territoire - a vécu., de même que s’effondre celui de la sécurité absolue. La révélation brutale, traumatique de sa vulnérabilité ouvre une blessure profonde non cicatrisable.

On a qualifié cet événement terrifiant et sans précédent - même si on évoque Pearl Harbour - de troisième guerre, d’un nouveau type où trouble, chaos et désarroi sont à la mesure de la difficulté d’identification d’une adversaire aussi redoutable qu’invisible, et surtout l’absence de revendication :au nom de qui, pour obtenir quoi ? L’absence de désignation de l’ennemi est inconfortable et angoissante.

Certes on pressent la menace des fondamentalistes, fanatiques...On en vient même à avancer un nom « Ben Laden », dans une opération de très grande envergure,sophistiquée, nécessitant une minutieuse préparation,mais surtout beaucoup d’intervenants et bien des complicités de ce qu’on qualifie de « dormants ».

Il en résulte une diabolisation - facile - de l’Islam (intégriste) qui en fait parler de fracture entre celui -ci et le monde judéo chrétien, guerre sainte, croisade, lutte du bien et du mal, des pauvres contre les riches,où les faibles sont plus puissant que les forts, choc de civilisation... Dans un tel affrontement binaire meurtrier -où les ennemis d’hier retrouvent des nouvelles alliances USA - Union Soviétique incroyables il y a quelques années(89) - il y a manifestement un changement de paradigme. Les intégristes ayant remplacés les communistes dans un renversement des alliances où les règles du jeu ont également changé.

La machine médiatique s’emballe, avec son débordement et l’excès d’informations et d’images en boucle de ce nouveau terrorisme, qui nous submergent. Des enseignants ont éprouvés le besoin de partager le désarroi de leurs élèves parfois en faisant appel à un psychiatre pour un debriefing.

Il convient de nous interroger sur cet événement aux multiples facettes : politiques, économiques (théologiques !).. pour en examiner les implications psychologiques et éthiques qui en résultent.

Un premier aspect qu’il convient de souligner est l’irruption de l’imaginaire dans le réel. Après tout les images de nos écrans ne sont pas tellement différentes de celles de bandes dessinées,des jeux vidéo, des films de fiction ou de désastre apocalyptique donnant paradoxalement un aspect virtuel au réel. »Incroyable mais vrai »,au point de mettre en doute nos propres sens devant ce spectacle étrange Cela semble aller à l’encontre du collapsus que l’on constate chez les jeunes en difficulté qui ne décollant pas du réel dont ils sont l’otage, ne peuvent même plus s’en évader par l’imaginaire qui n’est plus salvateur.

Il convient de s’interroger sur le lien allégué entre : droits de l’homme, Dieu,la mort et l’argent (sale de la drogue )qui en soutient l’édifice. Si l’on en croit les kamikazes, c’est au nom de Dieu qu’ils se battent, tuent et se tuent. C’est une vision originale d’un Dieu mortifère,ce qui va à l’encontre de son aspect créationiste, tourné vers la vie et la croissance. Certains soulignent qu’il s’agit plutôt ici d’un meurtre de Dieu,dans celui de l’autre, pourtant créé à son image.

Il est d’usage d’euphémiser ces crimes en les excusant,voire en les justifiant du fait de l’injustice, la pauvreté, l’exclusion, la souffrance de voir ses droits bafoués. Dans l ’impossibilité d’obtenir satisfaction par les moyens traditionnels il ne resterait plus que le recours à la haine meurtrière, la violence destructrice et la promotion des martyrs pour éradiquer le mal être résultant de l’oppression...Une telle confirmation du bien fondé du meurtre,de la contestation violente,mériterait d’être examiner de près. Cette culture du chaos et du néant,laisse le champ libre à l’irruption de la négativité et de la pulsion de mort Il convient surtout de s’interroger sur la haine de la pensée que cela traduit.

Au delà des traditionnels débats,qui n’ont pas manqués :fallait -il montrer ces images insoutenables de la mort, épargner les émotions violentes. Il est vrai qu’après l’entreprise de destruction de masse de la Choa, et d’autres génocides, l’aspect quantitatif des victimes,n’est même plus un tabou.De plus, rien n’empêche demain la répétition d’un même séisme dont on ignore le bien fondé stratégique :au nom de quoi ? Il n’y a plus de limite à l’inventivité destructrice : armes sophistiquées, guerre bactériologique ou autres nouveaux moyens d’actions meurtriers.

Si l’on se place du point de vue de l’éthique,il convient de s’interroger sur la qualification d’un tel acte meurtrier et ce qui justifie la mort du fait d’autrui,au nom d’une « cause » (laquelle?)

Le martyre confère t - il à une telle cause un statut de vérité, de légitimité? L’ instrumentalisation meurtrière par des moyens « mauvais « suffit -il à la transformer en « bonne »cause.Sommes nous en -train de récolter les conséquences de la mondialisation,et de la post - colonisation ?

Quel avenir à la pulsion meurtrière, dans un contexte où il n’y a plus de place au dissensus,au conflit, à la discorde ;où c’est l’opinion moyenne,molle, consensuelle, qui l’emporte et où la contestation est vécue en place de la négociation,de l’argumentation,de la discussion.

Nous ne sommes plus dans une politique du sujet, au cas pas cas, soucieux de la singularité d’une situation dans un contexte spécifique comme nous l’enseigne la clinique Notre jugement de professionnel se situerait plutôt du coté de la casuistique, il est difficile devant un tel niveau de destruction de masse et conserver encore une aptitude à discerner, à problématiser,à juger.

Peut - être, toutes proportion gardée faut -il revenir sur une observation, aujourd’hui banale :celle de la montée de l’incivilité,(cracher,insulter, frapper..) et sa tolérance qui lui donne droit de cité. Si l’on tolère une telle « attaque des liens « et de la convivialité, du point de vue de la santé mentale, sans même parler de la carence éducative dont cela témoigne, on met en péril l’aptitude à vivre ensemble.La non socialisation des pulsions qui en résultent,dégénère très vite en explosion, recherche de satisfaction immédiate, incapacité de temporisation.

Nous ne sommes nullement à l’abri, chez nous, d’un tel événement imprévisible et déstabilisateur.Il convient donc de réfléchir sur la responsabilité de chacun dans ce qui peut générer violence, agressivité,intolérance aboutir à l’élimination et au meurtre .

A.C O E N


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R E F O U L E M E N T O U C L I V A G E ?


Les événements douloureux que nous vivons par médias interposés, la crainte d’une guerre bactériologique, l’insécurité représentée par le plan vigipirate, remettent au goût du jour la controverse Freud - Ferenczy sur le traumatisme. En simplifiant à l’extrême, le premier insistait sur l’importance du refoulement, tandis que le second constatait les méfaits du clivage.

Deux événements majeurs dans un contexte international de terrorisme et de guerre, ont ranimé la mémoire des douloureux rapports de la France à l’Algérie :la Marseillaise sifflée le 7 Octobre, chez nous, au Stade de France ; la plaque commémorant la sanglante répression en hommage aux morts du 17 Octobre 61.

Le caractère passionnel des réactions engendrées à ces deux événements témoignent du réveil de blessures vives, mal fermées, d’une histoire occultée, d’un refoulement non réussi.

Nous n’avons, en effet pas encore procédé à un travail de mémoire collective de ce difficile rendez - vous avec, comment faut -il dire : la guerre (sans nom) d’Algérie - comme le reconnaît notre parlement depuis Octobre 1999 - ou en euphémisant, parler - comme on le faisait alors - de pacification, de remise en ordre ? Emotions et polémiques suscitées par la plaque inaugurée à l’île de la Cité en mémoire des assassinats de manifestants algériens témoignent de cette absence d’élaboration.

Il importait, précisément au nom de la mémoire, de reconnaître ce qui s’est passé lors de la sanglante répression de cette manifestation ! Cette histoire, étant la notre, nous est commune avec eux. Il convient donc de se la ré -approprier,au delà des tabous, silences, obstacles, et réductions polémiques.

Le temps serait - il venu de dépasser les clivages et réécrire l’histoire de cette guerre coloniale - qui s’est soldée par la perte des départements de l’autre côté de la Méditerranée -pour pouvoir enfin ériger en 2002, au quai Branly un Mémorial National, aux soldats tombés pendant la guerre d’Algérie.

Les incidents qui ont émaillé le match France - Algérie et les réactions suscitées méritent une analyse précisément en l’absence d’un travail de pensée. En effet, cette rencontre historique au bout de quarante ans a été lamentablement gâchée. Au fait,s’agissait - il d’une rencontre sportive ou politique ? On peut penser qu’une des finalités des rencontres sportives internationales, est de tenter le rapprochement des peuples dans une compétition sublimée. Est - ce le politique ou le psychologique qui fait ici intrusion en condensant le passionnel, la nostalgie, voire la méfiance au moment où la France risquait de l’emporter ?

Il est vrai que c’est à travers le foot que beaucoup de nos compatriotes ont pris conscience de la guerre d’Algérie, lorsque les joueurs algériens de l’équipe de France ont rejoint les fellagas !

La double allégeance des jeunes, nés en France, issus de l’immigration et incarnés par Zinedine Zidane témoigne d’une déchirure, vécue, chez lui, dans le silence et qui s’est soldée par les sifflets de l’hymne national. Méconnaissance, non partage des mêmes valeurs, désacralisation symbolique ? Qu’en pensent ceux qui ont vécu cette rencontre tant attendue, là- bas de l’autre côté de la Méditerranée ?

Débordements, envahissements du terrain à la soixante seizième minute, alors que les bleus menaient quatre buts à un, doivent - ils être dédramatisés, banalisés, absous et donc tolérés sous couvert de compréhension par le clivage ! L’évacuation qui s’en est suivie, clôturant brutalement le fête du football a été déplorable, sans respect pour les équipes nationales !

Ce premier France -Algérie qui devait être une fête des retrouvailles, après une si longue absence, a été gâché, par une surcharge passionnelle d’un jeune public en liesse, se traduisant par un passage à l’acte. C’est triste et dommage pour à un tel événement qu’on espérait convivial et d’autant plus inattendu ( ? ) qu’il a été maintenu malgré les événements des Etats Unis ! Cet aveuglement témoigne- t- il d’une méconnaissance de la réalité psychique et du refoulement sous- jaçent?

Que penser des joueurs français de l’équipe de Chelsea qui comme sept de leurs collègues de l’équipe nationale autrichienne ont refusé "pour des raisons de sécurité" de se rendre en Israel pour disputer un match éliminatoire de la Coupe du Monde 2002. Il se trouve que précisément la France et l’Autriche sont les deux pays européens, où le travail de mémoire, autour de la Choa, contrairement à l’Allemagne, ne s’est pas fait et ce malgré le terrorisme habituel

Il convient enfin, à la lumière de ces incidents et de leur lecture sous l’angle du refoulement ou du clivage, de se ré- interroger sur le rapport à la langue, la notre, et l’échec scolaire des jeunes issus de l’immigration.. En effet, il importe de rappeler le poids du non dit de l’histoire - souvent méconnue d’eux même, non transmise par leur parent -sur le prix humain payé par la famille lors de la guerre d’Algérie dans les blessures ineffaçables et pertes occasionnées chez les ancêtres. Peut -être qu’une partie de l’énigme de cet échec chez des jeunes parfaitement intelligents, serait -elle à rechercher de ce côté ?

A.C O E N


HALLOWEEN 2001

On l’aura remarqué, les festivités de Samhain - fin de l’été, début de la saison noire - auront été d’une pâleur bien cadavérique cette année. Les traditionnels défilés aux USA étaient bien encadrés par la police et les enfants n’osaient même plus demander leur classique dû : trick or treat, "farces ou friandises ", guerre bactériologique oblige !

Tant mieux s’écrieront certains esprits chagrins, cette fête d’inspiration païenne n’est qu’une invention purement commerciale, et parfaitement étrangère à nos traditions ! Il faut mettre fin à l’envahissement par la " culture macdo " au culte de la marchandise, et à la mondialisation... !

Il est vrai, qu’entre les dépenses de la rentrée scolaire et celles de Noël, les affaires sont plutôt moribondes, surtout en période de récession, à l’exception toutefois d’une brève période de réanimation à la faveur de l’arrivée du beaujolais nouveau

Ce qui se dissimule mal sous une telle critique pudique, c’est, à travers les fées et les sorcières, l’hommage rendu aux femmes ! Halloween ne serait rien d’autre que le prétexte à une opération séduction qui flatterait les tendances fétichistes masculines ! En dehors des parfums, des chaussures et des bijoux, les promotions portent essentiellement sur les dessous

A propos comment sont -ils chez les femmes voilées ou en burka ? Point n’est besoin de se déguiser ici en hôtesse de l’air, infirmière ou de se munir de bottes de cuir et d’un fouet pour être désirable...Si le voile- dit "islamique "( ? )- fait tant de bruit, choquant la sensibilité citoyenne (il faudrait alors supprimer également les médailles et autres grigris), n’est -ce pas du fait de son potentiel érotique, destiné à masquer - révéler un caractère sexuel secondaire ? Les résistants qui en 1945 rasaient le crâne de celles qui avaient fauté avec l’occupant l’avaient bien compris.

L’intérêt d’Halloween, dans sa polysémie, est de raviver les conflits d’interprétation où s’affrontent croyances populaires, traditions, désir inconscient et le politiquement correct. Les bonnes âmes pourront clamer avec véhémence : "libérez la jeunesse de l’emprise du malin " ; non à l’occultisme, à la sorcellerie et au satanisme moderne fut-il empreint de druidisme ! Non au "sabbat des sorcières. Vivement le retour purificateur de l’inquisition pour remettre de l’ordre dans tout cela en référence au Malleus Maleficarum des fondamentalistes, nonobstant le triomphe d’Harry Potter qui fait le jack pot à l’écran.

Il serait temps de réagir, surtout quand les chers bambins de l’école républicaine se mettent à l’heure d’Halloween. , fête païenne qui rejette dans l'ombre la fête chrétienne de la Toussaint, en toute laïcité bien entendu ! .Notons également la disparition - à la demande de la France, fille aînée de l’église - de la référence à "l'héritage religieux" de l'Europe dans le préambule de la charte des droits de l'Homme de l’Union Européenne...

De quoi s’agit - il enfin ? . Issue de pratiques celtiques originaires des îles britanniques, la célébration de Samhain est une tradition millénaire, All Hallow Ween", "veille de la fête de tous les Saints ". Elle condense toute une série de croyances et de rites qui ont traversé les âges ". Elle marque le passage à la nouvelle année celtique et l'entrée dans l'hiver. Cette fête était l’occasion de rassembler les âmes de tous les morts de l'année pour les amener, le 1er novembre, au purgatoire. Pour les accueillir, les portes des maisons devaient être laissées ouvertes tandis qu'une place au coin du feu et un bol de porridge les attendaient. Pour guider leurs pas dans le monde des vivants, on dressait, sur leur chemin, des lanternes faites de navets ou de citrouilles découpées... Les Celtes allumaient aussi de grands feux afin d'apaiser d'éventuels esprits malins, dont ils déjouaient les mauvais tours en se déguisant en monstres hideux. On faisait surtout provision de friandises, afin d'être en mesure de marchander tout mauvais sort !

Il s’agit bien d’une survivance païenne comme du reste Noël, qui correspond à Yule. Entre temps l'Eglise eut l'idée de "récupérer" cette fête populaire et de l'associer à une fête chrétienne C'est le pape Boniface IV qui introduisit la Toussaint - une commémoration des anciens héros de la foi, souvent des martyrs appelés "saints-"- en l'an 607 de notre ère et en fixa la date au 13 mai. Un autre pape, Grégoire IV, coupant ainsi l'herbe sous le pied des païens, la déplace du 13 mai au 1er novembre.

Dans les contrées anglo-saxonnes, le 31 octobre est par conséquent devenu All Hallows' Eve, c'est à dire la "veille de la Toussaint" ("hallow "(holy) signifiant "saint " et "eve " , "veille"), puis après déformation : Halloween

Des origines celtiques, on ne dispose que de très peu de témoignages directs sur les croyances des druides, leurs enseignements par écrit, étant interdits. L'ancienne fête de Samhain, dont dérive Halloween, aurait été dédiée à une divinité comparable à Hadès de la mythologie grecque et appelée Samana. Or, parmi les trois cent cinquante divinités qui ont pu être recensées par les historiens des religions, aucune ne semblait porter un nom similaire. Les linguistes considèrent que " Samhain " signifie tout simplement " novembre ".

Les Celtes ne connaissent que deux saisons, l'été et l'hiver, et c'est justement le 31 octobre (date calculée à partir de notre calendrier actuel) qu'ils changeaient d'année. Or, dans leur système de croyances, les points de contact entre deux mondes ou deux cycles, fin d'une année et le début de la suivante, étaient dotés de propriétés magiques. Samhain, le Seigneur de la mort, célébré ainsi à l’entrée de l'hiver à un moment. de fin de la fertilité du sol. Ce "passage", correspondant à la fin d’une année et à l’articulation avec le début de la suivante, n'appartenant réellement à aucune des deux années qu'il reliait, était perçu comme hors du temps. Ce jour était donc bien un temps de "mort".

Les Celtes croyaient que le voile séparant le monde des vivants et celui des morts devenait alors tellement mince, que les premiers pouvaient communiquer avec les seconds . Cette nuit du "passage" était le temps où le "voile" entre le monde physique et spirituel était le plus fin et le plus aisément franchissable, d’où la présence des morts qui revenaient visiter le monde des vivants. Ils hantaient les lieux où ils avaient vécu en essayant de nuire à leur ancien entourage qui cherchait pourtant à les apaiser en mettant à leur disposition un abri. et des offrandes variées, le plus souvent de nourriture et de boisson. Si celles - ci plaisaient aux morts ; ils ne faisaient rien de mal. Les gens se déguisaient souvent et portaient des masques pour effrayer et éloigner les fantômes et surtout ne pas être reconnus par eux.

D'après d'autres récits, ce sont les druides qui passaient de maison en maison, réclamant des offrandes pour Samhain, le seigneur de la mort. En cas de refus, ils proféraient des malédictions contre les gens et leur maison. Pour éclairer leur chemin, ils portaient des navets évidés et découpés en forme de visages à l'intérieur duquel brûlait une bougie.

Jusqu'au Moyen Age, Halloween demeura une fête populaire où l'on festoyait autour d'un grand feu, et au sein de laquelle cohabitaient pacifiquement influences païennes et chrétiennes sans que nul n'y trouve à redire. Puis vint l'inquisition. qui, voyant le diable partout, fit peser sur ces rassemblements d'étranges soupçons, de sabbats des sorcières, bientôt transformés en "certitudes ". D’où les traditionnelles accusations de rites catholiques bafoués et d ’hosties profanées. De plus l’imagination qui ne manque pas une occasion de lier sexe et religion, allant bon train, a vite fait d’évoquer des excès orgiaques et leurs débordements de luxure sans discernement. Satan officierait en personne dans ces réunions où l'on sacrifiait d'innocentes victimes en son nom !

Les " aveux " étaient arrachés sous les tortures des inquisiteurs, relayés plus tard par la police. Les premières messes noires remontent en effet à 1666, avec l'affaire La Voisin, dans laquelle furent impliqués des proches de LouisXIV, en particulier la marquise de Montespan. En outre, ce sont précisément les descriptions figurant dans le Malleus Maleficarum (en autres ouvrages à l'usage des inquisiteurs) qui serviront de modèle aux Satanistes du dix-neuvième siècle et non l'inverse...

Halloween et Satanisme sont donc restés liés, dans les accusations portées par les fondamentalistes chrétiens en particulier aux Etats Unis lors de la grande chasse aux sorcières de la décennie 1980-1990 qui s’est avérée du reste sans fondement. La version moderne de ces accusations comportait bien entendu des accusations contre les rituels d’abus sexuel d'enfants ! Il était encore question de sacrifices humains, voire d’une recrudescence des disparitions et des crimes de sang précisément à cette date ; mythes non corroborés par les statistiques policières. Nous comprenons mieux, à partir de ces sources le sens de l'actuel Halloween où, ce sont les enfants qui se substituent aux morts, aux fantômes et aux druides. Ils passent de maison en maison pour exiger, comme le veut la tradition, un cadeau. Les citrouilles ont remplacé les navets depuis deux siècles Samhain aujourd’hui n’est ni dieu, ni démon...mais un temps de fête marquant le passage de la saison claire à la saison sombre, de l’été à l’hiver avec un soubassement symbolique sur le jeu avec la mort dans l’inexorable retour du cycle des saisons. Il s’agit donc de conjurer, rompre ce tabou de la mort qui demeure une recherche profondément humaine.

Que fantômes et sorcières interpellent notre imaginaire d’enfant, nous n’avons pas attendu Harry Potter pour le savoir ! Beaucoup de mythes et rites concernent les esprits et les morts. Les Celtes tout comme les Egyptiens en prenaient grand soin. Les Anglais, les Ecossais et les Irlandais sont les derniers représentants celtes L’Amérique n’est donc pas à l’origine de cette fête.

C’est lors de la grande immigration irlandaise, vers les années 1840, que cette tradition arrive sur le nouveau monde qui la découvre et se l'approprie et la perpétue assidûment avec une "valeur ajoutée" pour les enfants qui à cette occasion, portent leurs déguisements. A l’école, ils passent la journée à danser et à sculpter des citrouilles grimaçantes dont ils se serviront, à la nuit tombée. Déguisés en sorcières, en fantômes ou en morts vivants ils partent à l’assaut des maisons de leur quartier en criant : " Trick or treat, smell my feet or give me something to eat "!, (Farce ou bonbons, renifle mes pieds ou donne-moi quelque chose à manger). Ils rançonnent le voisinage qui sous peine de voir leurs vitres barbouillées de savon sec ou le paillasson envolé, cède aux chers petits monstres, menue monnaie et friandises...

. La France se met depuis peu à l’heure d’Halloween qui devient le Mardi- gras de fin d’année. Cette, survivance des druides et de la nuit celtique a en fait toujours plus ou moins existé sous des formes diverses, même en France, surtout dans le nord. Ne doit-on pas y voir une forme particulière sous les traits de la "saint Martin " à Dunkerque ou des " guénels " à Boulogne sur mer ? Cette fête locale du Boulonnais à lieu la veille de Noël, son nom peut provenir de "au gai Noël " ou peut être de "guénée" qui est la part du poisson auquel a le droit le pêcheur lors de son retour au port. Quoiqu’il en soit, les feux sont de la partie ainsi qu’un défilé avec des chars accompagnés par les enfants et leurs betteraves sculptées en lanternes. Halloween serait donc bien d ’"cheu nous " l’Amérique ne faisant que nous la renvoyer avec en plus un aspect commercial ; on ne va pas s’en plaindre !

Nous voyons combien rites ; mythes et religions constituent des strates vivantes qui se superposent, se pénètrent dans une référence de départ"à la nature " - ici aux saisons, et en particulier au solstice d’hiver- reliant mort et régénération. Il s’agit, à la faveur d’un "travail" incessant de transformer, au fil du temps les peurs archaïques, de se les approprier de façon ludique sous des déguisements variés. Vampire macabre, sorcière ou au joyeux lurons à la tête de citrouille, représentent autant de personnages terrifiants qui hantent notre imaginaire. Ces tentatives de maîtrise de l’invisible, de l’inconnu, de ce qui échappe masquent mal le rapport toujours angoissant à la mort et les multiples tentatives de l’exorciser. Symbolique et imaginaire se rencontrent dans une incessante recherche d’apaisement.


Après le 11 septembre 2001, rien n’est plus comme avant, en particulier le rapport à la mort. Terrorisme, suicides kamikazes l’ont vidé de son sens. La mort n’est plus un accident. Bénéficiant désormais de toutes les avancées technologiques, elle se programme froidement, scientifiquement; et de plus se donne à voir, en temps réel sur nos petites lucarnes. Point n’est besoin de la référence à la nature qui n’est plus de saison. On ne se revêt pas davantage des oripeaux symboliques de la mort puisqu’on ne se déguise même plus. On la rencontre dans le réel, pas "pour de faux", pas "comme si" et on ne peut même plus en jouer. ! C’est donc la mort pour de vrai, et non plus son spectacle qui est donné à voir. Fini de jouer, circulez, il n’y a plus que la mort pour de vrai et du négatif dans toute son inquiétante crudité

Le réel devenant plus imaginaire que l’imaginaire, il y a une perte des repères, et surtout le dévoilement d’une mondialisation de la vulnérabilité.

Après cette paralysie du sens comment recommencer à jouer à Halloween en 2002 ?

A. COEN


BONJOUR L'EURO, ADIEU LE FRANC !



A partir du 2 janvier n’ayant plus cours en chèque, notre franc désormais historique agonise, après avoir vécu près de sept cent ans . Il devient une pièce de musée où il aura encore une place.

Le franc est mort, vive l’euro! C’est déjà la ruée vers la devise nouvelle qui vient d’arriver . Le kit de la monnaie unique fait son apparition de façon échelonnée dans les divers pays où il aura cours. Nous risquons déjà d’être en rupture de stock. Quelques 12,5 millions de sachets euro, soit le quart de l’existant ,ont été vendus vers 18 heures ce 14 Décembre 2001 !Tout le monde se bouscule de peur de rater ce rendez- vous historique. Ce qui n’était qu’un projet utopique et audacieux se concrétise enfin : une même monnaie en partage dans plusieurs pays.

Dans le paquet cadeau de l’accès à l’euro, c’est un français qui a été élu Président de la future Convention sur l’avenir de l’Europe dont la tache est redoutable. Au delà de son élargissement , pour 2004, le Président doit promouvoir des recommandations sur l’opportunité d’adopter un texte constitutionnel pour l’Europe .Il veille au renforcement de son exécutif et aux compétences de son Parlement . Il a surtout pour mission d’accroître la cohérence de la politique étrangère commune et de poursuivre l’Europe de la défense ; rien moins !

Il est étonnant qu’un tel bouleversement des habitudes nationales- qui certes a été préparé de longue date - semble accepté sans autres formes de procès ! La proximité des fêtes en a tamponné les effets tout en faisant le bonheur des commerçants qui ont récupéré la masse de liquidité circulante .Il s’agit néanmoins d’un changement identitaire majeur qui dépossédera les citoyens des pays qui l’adoptent de ce qui faisait leur caractéristique nationale. Si l’on dissocie le franc de la baguette et du béret que nous reste - t - il donc ?Ne paniquez plus :on, pourra encore parler en " briques " et en " patates ",mais certes plus en " balles ".

Pour faire passer la pilule, on nous chante les mérites d’une telle réforme d’importance géopolitique sans précédent :une monnaie au service d’un lien commun ! Dans les déplacements intra communautaires, on n’aura donc plus besoin de passer au bureau de change !Les prix d’un même produit ne devraient pas beaucoup différer dans un marché aussi gigantesque. De plus on pourra bénéficier de services existant chez nos voisins mais pas encore disponible chez nous .La concurrence, au bénéfice de l’usager, ne peut que contribuer à baisser les prix et mettre fin à toute spéculation. .Une meilleur cohérence économique et sociale se traduirait à la longue par une diminution des écarts entre revenus des salariés dans les différents états. Il s’agirait en somme d’un premier pas vers une harmonisation des conditions de vie en Europe.

Le drachme grec, antérieur à notre ère, est la plus ancienne monnaie du vieux continent ." L’histoire de France se lisait dans le franc ".Le perdre implique de faire le deuil d’un puissant facteur d’identification.. Si sa première apparition remonte à 1360, c’est en 1795que le franc français est créé, en même temps que le système métrique, dans le but de simplifier les poids et mesures. C’est avec les conquêtes , en particulier celles de Napoléon ,que son usage s’est répandu . Il a ensuite été adopté par la Belgique et la Suisse .Mais,c’est surtout avec les guerres coloniales françaises et belges qu’il diffuse en Afrique du nord et sub saharienne Il fait son apparition , en 1795 à l’Ile de la Réunion,1825 au Sénégal .C’est dans la deuxième moitié du XIX e siècle que les français s’installent en Afrique de l’ouest (AOF),en Afrique Centrale(AEF),à Djibouti et dans l’océan indien; les belges se réservant le Congo

Le franc de la métropole française, dont l’usage est généralisé à partir de 1914, devient également la monnaie officielle des anciennes colonies. Malgré la décolonisation , le franc CFA en demeure le dernier vestige . La disparition de notre monnaie entraînerait donc son rattachement automatique à l’euro (CFA) ;. Il en résulterait une moindre liberté de circulation de nos capitaux et investissements dans cette zone .,posant à terme la question de la nécessité du maintien de la France comme partenaire privilégié , alors même que le commerce avec les états membres de l‘ Union Européenne s’amplifie. Nous risquons ainsi de perdre nos anciens liens ,économiques et financiers privilégiés. Assisterait - on à la fin de la zone franc ? Les états africains recherchent pour la stabilité et la convertibilité de leurs monnaies , la devise d’ancrage la plus avantageuse: l’euro ou le dollar...? La mise en place de l’euro sonnerait - elle définitivement le glas de la décolonisation ?

Le général de Gaule disait qu’un état se caractérise par sa monnaie et son armée. Qu’en est - il aujourd’hui où l’une et l’autre manquent à l’appel ? Il convient de souligner, que ce serait la première fois qu’une nouvelle monnaie n’est pas imposée dans un contexte de guerre ! Il s’agit donc bien d’une devise pacifique , qu’adoptent volontairement, témoignage de confiance sans aucune contrainte, trois cent millions d’habitants .L’Europe devient pour la première fois ,au delà d’une force politique , une force économique consistante, en dépit des euros - sceptiques de Maastrich et de l’intarissable conflit entre les pro- européens et les souverainistes .Peut - être ces derniers ne mesurent –ils pas encore l’ampleur de cette nouvelle langue commune économique européenne précisément dans sa vertu pacificatrice, en dépit du poids de l ’histoire des guerres passées .

Il importe malgré tout de rester lucide devant les bouleversements considérables qui sont implicitement en marche L’euro arrive à l’heure des débats, chez nous en particulier, sur la démocratie moderne dont on attend la protection des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen ; par opposition au gouvernement collectif où contraintes et restrictions s’imposent.

Qu’advient il alors du citoyen comme référence nationale lors du passage à une citoyenneté européenne et en aurait – elle le même sens ? Les droits de l’homme et du citoyen nouvelle version, seraient - ils alors promus en frontière politique de l’Europe ;qui attire de ce fait toujours plus de réfugiés? L’Euro deviendrait – il alors une institution dont le projet serait l’affaiblissement , l’érosion, la disparition programmée du cadre national étroit au profit du progrès de l’universalité , de la naturalité de l’individu des droits de l’homme dans un contexte supra national?

Il est vrai qu’autrefois, au nom de la civilisation et de la culture cette même Europe s’est engagée dans les guerres coloniales. Nous n’avons pas fini d’en payer le poids de la culpabilité traumatique de la colonisation comme celle de la Shoah dans l’inconscient européen. C’est sans doute cela qui fait que notre France laïque et républicaine , devenue un pays d’immigration ,s’ouvre progressivement dans un élan utopique à la reconnaissance de revendications identitaires multiples dans le cadre d’une juxtaposition de communautés diverses et d’un bigarisme ethnique .Chacun revendique son particularisme de tout poil précisément au nom de la liberté et des droits à la différence. Devra - t - on renoncer à notre école, traditionnel creuset républicain qui ,rabotant les différences , uniformisait les enfants en un même statut d’écolier? Les trois millions d ’illettrés en seraient - ils la preuve d’un tel échec?

Notre contexte de relativisme culturel confère à l’ethnopsychiatrie des lendemains heureux .On assisterait même à une inflation d’un nouveau droit à la coexistence identitaire pluraliste, compatible avec toute opinion et tout style de vie .Le triomphe des. valeurs du privé l’emportent définitivement quelles soient locales, religieuses ou ethnique . Le risque, serait grand, sous couvert de respect de ces identités culturelles, d ’encourager le renfermement et la ghéttoïsation communautaire. Il en résulterait l’expulsion de ceux qui ont choisi de venir chez nous, en les renvoyant à nouveau à leur particularisme auquel ils ont voulu précisément échapper à travers l’immigration. Il convient d’en finir avec le dolorisme dont on affuble l’immigrant obligé de renoncer à son identité culturelle. Cela risquerait de nous faire oublier que la prise de distance - spatiale - du pays et de l’origine - n’est souvent rien moins qu’une mise à distance des conflits avec l’originaire.

Dans un nouveau modèle qui exalterait le multiculturalisme, le culte de l’individualité. et du privé ,le risque serait l’oubli du cadre politique commun. Dans une telle soif de reconnaissance, comment se situer face à ,l’état - nation et l’engagement supra national européen , comment dialectiser ces identités sans les opposer de façon défensive ou conflictuelle?

Peut - être convient - il de faire crédit à l’Europe comme utopie fonctionnelle, pour susciter des projets ,et des expériences nouvelles sur des enjeux –sanitaires- communs qui ne manquent pas. Nous connaissons le lien pauvreté - santé mentale .Sans toutefois pathologiser la pauvreté, il y aurait fort à faire pour tenter d’enrayer crise économique ,et le chômage commun à ces pays ;pour tenter des nouvelles stratégies d’action sociales de masse à l’échelle du nouveau contexte. Peut - être même irait-on jusqu’à imaginer un véritable projet commun pour la jeunesse sans l’associer systématiquement et de façon univoque, comme on le fait volontiers aujourd’hui , à la violence .

Dans le nouveau contexte d’harmonisation européenne ,en particulier sur le plan santé mentale- santé publique ,il nous appartient de prendre des initiatives en qualité de cliniciens, plutôt que de les abandonner à des technocrates – fussent – ils européens, voire d’être mis devant le fait accompli comme cela risque d’arriver pour le statut de psychothérapeute. En effet s’il convient de ne pas perdre les acquis de notre profession dont nous sommes fières; il nous appartient de refuser le nivellement par le bas. Il est néanmoins nécessaire de jeter un regard critique sur nos pratiques, et leur coût. A la faveur de la mise en circulation de l’euro il faut s’interroger - ce qui tient encore et ce qui ne tient plus ?Ne pouvant continuer à vivre au dessus de nos moyens, il est temps de faire les bons choix, de ne pas reconduire ce qui ne marche pas et demeure coûteux .A l’heure de l’évaluation et de la planification comptable, de la réduction des dépenses publiques ,une révision déchirante s’impose .Une nouvelle éthique de travail commune est indispensable dans le cadre des soins et de la prévention mais aussi de la promotion de la santé mentale, aujourd’hui encore parent pauvre du système.

Plus que jamais une solidarité des professionnels responsables est nécessaire .Il nous faut beaucoup d’audace pour oser dépasser le règne de la pensée unique et de la crispation idéologique , dans une Europe qui connaît la fin des frontières. Le moment de réaliser nos imaginations est peut être arrivé. Ne ratons pas un aussi important rendez - vous avec l’histoire qui ne se répétera pas de si tôt !Alors pourquoi ne pas mettre en place une commission de prospective sanitaire ? En effet ,au delà de notre spécialité, transversale- dont Bonnafé disait qu’elle était la vraie médecine - c’est précisément la médecine qui est concernée. L’insatisfaction - qu’il s’agisse des infirmières, des internes ou des généralistes - est visible et audible en cette fin d’année.

Nous sommes responsables de notre histoire et de notre créativité. C’est à nous de jouer en 2002 !

A.C O E N



Mai 2002

Sortir de la léthargie


Je sors abasourdi d’une somnolence que je peux dater très précisément : le début de la plate campagne électorale. J’ai l’impression depuis, d’avoir perdu l’aptitude à la réaction critique, d’avoir été contaminé - en écho - à une extinction, sinon une anesthésie quasi totale de la pensée à l’image de la vacuité et de la démobilisation qu’elle suscitait !

Il est vrai que cette période a été plutôt morne, sans entrain, et pour tout dire totalement dépourvue d’intérêt. Non que les thèmes manquent, je n’en citerai que quatre qui me tiennent particulièrement à cœur - en tant que citoyen et professionnel que je n’ai pas entendu débattre à mon goût :

une politique de la jeunesse, de l’éducation ;de la santé, ou du handicap ;sans même évoquer bien d’autres sujets d’intérêt qui méritaient bien le détour comme, entre autres, la retraite...

J‘ai été gagné par un mortel ennui et un profond désintérêt pour un événement qui pourtant m’implique pour au moins une durée de cinq ans. J’avais l’illusion, sinon l’attente qu’on débattrait enfin de sujets qui nous tiennent à cœur dans la banalité du quotidien. J’ai pris, avec déception la mesure de la distance qui sépare mes préoccupations au présent de ceux qui ont la charge - aujourd’hui devenue professionnelle - de me représenter. J’ai eu beaucoup de peine à me sentir en concordance avec un quelconque programme, d’ailleurs y en avait-il vraiment ? et ce indépendamment des habituels clivages gauche droite, abrasés.

J’ai une pensée émue pour tous ceux qui comme moi, se sont efforcés de se déplacer aux urnes, pour me conformer à mon Surmoi républicain. Je me demande du reste comment a fait la masse d’illettrés pour se reconnaître dans un des nombreux bulletins offerts sans signes de reconnaissance ?

A défaut d’une politique de la jeunesse et d’une oreille attentive à sa détresse, j’ai essentiellement entendu des mises en garde contre, l’insécurité, la délinquance, voire d’une criminalisation des " jeunes des cités " sans compter une diffusion de la peur de ceux qui nous succéderont, largement relayée par une presse entrant en résonance amplificatrice diffusant la peur des jeunes dans un discours sécuritaire ! Curieusement ce thème a largement supplanté celui, pourtant habituellement davantage préoccupant sinon plus familier, de l’économie et du marché du travail, souci pourtant primordial dans un pays au chômage considérable !

Certes la presse ne faite pas l’opinion qu’elle souligne toutefois. Là encore, le milieu journalistique a sa propre subjectivité. De plus,il ne reflète sans doute pas l’ensemble de la population. Il témoigne cependant de là où ça fait mal ! A défaut d’être objective, la presse aujourd’hui est partiale quand elle ne prend pas parti en faisant quasi systématiquement de la désinformation ou de l’intox comme en témoigne l’ensemble de sa prestation lors des reportages - très orientés -concernant les événements du Proche Orient.

Que dire de nos gouvernants aussi aveugles que notre presse qui, seulement au bout de neuf mois, ont fini – obligés lors de la survenue du 200e incident antisémite en Seine Saint Denis, d’en prendre enfin l’ampleur ?

C’est déjà mieux que le ministre de l’intérieur qui était dans le déni ! Que penser d’une presse qui – c’est un comble - encourage en la justifiant, la reproduction en France de la violence destructrice en écho à ce qui se passe là bas ! ! ! ? ? ?

Si l’opinion journalistique n’est au fond qu’une addition et un reflet d’opinions d’une classe d’intellectuels, ceux qui ont véhiculés la pensée unique du discours sécuritaire politiquement correct commencent à prendre la mesure de la catastrophe médiatique massive qu’ils ont (involontairement ?) contribué à fomenter sans parler de la manipulation inexpliquée des sondages ou des reportages systématiquement catastrophiques de la période pré électorale, actualité oblige.

Notre civilisation de l’image et du loft story II s’accommodent mal de la pensée L’image aurait – elle pris aujourd’hui le pas sur le discours de la vérité contribuant du même coup à l’extinction de l’imaginaire et du symbolique ? Il est vrai que l’image participe au meurtre du fantasme. Le classique interdit biblique de la représentation était - il donc justifié ? En l’absence de son élaboration, l’image constitue un prêt à porter qui suscite bien plus d’émois que de réflexions. La passivité qu’elle induit ne permet pas toujours sa mise en perspective. Tout le problème devient celui de l’interprétation scopique du télévisuel ! Aujourd’hui, la TV serait – elle mise en place d’un Autre – absent – dans sa fonction de transmission ?

Je finis par me demander si je n’ai pas été gagné dans cette campagne par, le poids de la pulsion de mort qu’elle véhiculait, entre autre à travers la préoccupation quasi exclusive, non seulement du discours sécuritaire, mais aussi par les incessants reportages sur le " mal ", à l’œuvre. Ma léthargie ne serait – elle qu’une stratégie de défense salutaire ? Au delà de cet aspect j’ai pris la mesure de mon isolement et de ma solitude et de la rupture du lien social, ayant du mal à m’identifier aux petits " autres ", surtout ceux qui par leur discours m’évoquent un temps que, naïvement, je pensais définitivement révolu !. Il est vrai – au risque de me répéter- que nous n’avons pas fait en France un travail de mémoire – à l’instar de l’Allemagne - pas plus sur la dernière guerre et la période de Vichy que sur le traumatisme de la guerre d’Algérie !

Quoi qu’il en soit, je n’ai émergé de ma confusion que le soir des résultats à 20 heures : le séisme ! C’était aussi fort que le 11 Septembre ! Une claque magistrale qui m’oblige, à sortir activement d’une dépression réactionnelle devant l’aveuglement collectif, y compris d’ailleurs le mien !

25% d’abstention est considérable, même si ceux qui nous gouvernent ont pris la responsabilité de nous confisquer une opportunité citoyenne de voter en plaçant les élections en période de vacances scolaires!

Ce qu’à révélé pour moi cette période pré électorale c’est l’énorme clivage et la division des électeurs. Le communautarisme s’y est particulièrement distingué. Il a revêtu entre autres l’aspect corporatiste. Même les gendarmes et les douaniers se sont manifestés attirant l’attention sur leurs problèmes spécifiques, en secteurs, avec les moyens habituels du bord :défilés bon enfant, grèves, revendications - au demeurant bien légitimes comme celle des médecins - des exigences en espèces sonnantes et trébuchantes

Au fond chacun de ces groupes témoigne d’une place d’observateur de ce qui ne va pas dans notre société, au delà du morcellement du lien social qu’il traduit également .C’est sans doute dans la prise de parole et la mise en débat de ces professionnels au plus près du terrain et de ses souffrances qu’il faut voir la vraie campagne électorale. Il nous appartient donc légitimement – du fait de notre implication - de prendre en mains l’inventaire des vrais problématiques pour, à partir de ce qui ne va pas, indiquer des pistes de réflexions et des voies de recherches .

Il est vrai que l’expérience prouve que ceux qui nous gouvernent n’ont pas tellement d’idées sur ce qu’il convient de faire au delà de discours rhétoriques creux sinon démagogiques. Il conviendrait donc d’attirer leur attention sur l’absence de réponses à des préoccupations quotidiennes du comment vivre ensemble.

Notre santé mentale est ici directement concernée. Sortir de notre civilisation du besoin et de la jouissance ; de l’absence ou du trop plein d’objet ; du déni de la mort ; de l’élimination du hasard, de ce qui échappe, de la non maîtrise omnipotente infantile où il faut, tout, tout le temps négocier ; pour enfin accéder au désir !

En ce temps de crise du modèle social, d’une revendication effrénée des droits, d’une recherche égalitaire du même qui appréhende le différent, d’une aspiration au règne de l’ordre plutôt que du recours a la Loi. Débusquer les manifestations de la pulsion de mort et de ses multiples expressions de destructivité, d’incivilité pour accéder à une éthique du vivre ensemble ; en dépoussièrent nos projections meurtrières ou notre propension à prendre la place- supposée enviable - de la victime, où enfin chacun a sa place, sans avoir à en être éliminé du fait de son origine, sa couleur, ses convictions philosophiques ou religieuses.

A quand les prochaines élections, les vraies pas celles d’un choix paradoxal ou pas défaut, du moindre mal ?

Abram COEN


Septembre 2003

MONDIALISATION ?

Cet été a connu des débordements météorologiques d’allure catastrophiques, en Europe centrale mais également en Asie que l’on ne saurait expliquer de façon simpliste. En effet l’hypothèse du réchauffement planétaire global qui serait à peine commencé - est loin de faire l’unanimité des spécialistes. Comment alors comprendre un été aussi pourri, et chez nous un automne en été !

Les eaux d’en haut ne suffisent pas à tout expliquer, si elles ne rencontraient les eaux d’en bas qui sont pour une part sous la responsabilité de l’homme. En effet les conditions du terrain où coule l’eau qui s’infiltre de même que l’entretien des cours d’eau quand il est possible - nous revient .Les zones sinistrables, soumises en particulier à des alternances humidité sécheresse représentent un défi contre la nature qui relève de notre ressort .La gestion des risques implique donc de sortir dune représentation destinale pour incriminer davantage l’urbanisation et le bétonnage de la terre qui, réfractaire, n’absorbe plus l’eau. La colère collective s’adresse donc au manque de responsabilité, en particulier pour les nuisances du monde industriel. Comment les assurances dans un tel contexte pourront elles fonctionner, évaluer les risques rembourser les dommages eu égard au nombre de victimes des zones sinistrables ?

Quoi qu’il en soi lère de la solidarité joue plus que jamais et ce au delà des frontières et de leur artificialité. C’est ainsi que , dans un tout autre ordre d’idées, toujours cet été a fonctionné l’Europe de la Réanimation Médicale. Quand les hôpitaux des départements du nord de la France étaient débordés, les patients - tout naturellement - étaient reçus dans les hôpitaux belges témoignant de la bonne santé de l’Europe médicale où les suppléances et la circulation fonctionnelle des patients n'est plus un mythe.

Il est vrai que les échanges se font depuis longtemps en particulier pour les enfants et adolescents polyhandicapés , qui faute de place chez nous sont plus volontiers dirigés (déportés ? ) vers des établissements de l'autre coté de la frontière et néanmoins pris en charge par la Sécurité Sociale. Dans le même ordre d'idées, les hôpitaux des départements d'outre mer reçoivent habituellement des patients de pays voisins témoignant du rôle de la médecine française et de sa mission humanitaire transculturelle.

Les choses sont loin dêtre aussi sereines dans d'autres domaines en particulier celui, chatouilleux, de l'économie , où les conflits de civilisation et d'intérêt semblent l'emporter sur le dialogue.

A l'approche de la commémoration du 11 Septembre, comment relire cet événement qui a pris une allure géopolitique où Amérique et Europe sont unis sous la bannière des valeurs universelles de l'Occident contre l'Islam destructeur comme énnemi désigné ? S'agirait il ici d'une rupture de la logique des échanges, de la civilisation de l'universel, du métissage culturel à la Senghor qui déboucherait alors vers une logique de l'affrontement inévitable ?

Ce qui est nouveau, dans l'ère post coloniale d'aujourdhui c'est que précisément l'Islam n'est plus localisé à l'extérieur, en périphérie du monde occidental. Au coeur même de l'occident, il en constitue une des composantes, qui de l'intérieur revendique son droit à la différence. Ne se reconnaissant pas dans ces valeurs, ni la modération qui lui est plus ou moins imposée, il refuse l'assimilation pure et simple.Bien que l'Allemagne manque de main d'oeuvre, des informaticiens indiens ont refusé d'immigrer, eu égard au sort qui est fait aux turcs et en l'absence de garanties de naturalisation.

Certes il convient d'éviter les réductions simplificatrices : l'islamisme - comme stratégie mondiale a aussi été utilisée au service des grandes puissances occidentales comme dans l'Iran du Chah .On peut même se demander si l'Islam. d'orient , malgré sa diversité ne serait-il pas qu'une construction de l'occident impérialiste.

Si globalement une mondialisation technologique est volontiers acceptée comme source de progrès, de confort et de richesse, c'est d'avantage son universalisme conquérant qui est refuté. Affrontement, combat du " bien " occidental, comme le prétend le Président Bush , contre la satanisation du " mal " qui menacerait - réellement notre civilisation occidentale porteuse d'humanisme tel que l'expriment les universaux de la déclaration des droits de l'homme et de laspiration à la - fragile -démocratie participative qui pourtant, demeure souvent menacée, en péril, et pour tout dire risque d'être disqualifiée comme on l'a vu chez nous aux dernières éléctions.

Le 11 Septembre exprimerait il un choc, une guerre de civilisation, un combat idéologique, une guerre ontologique ; la révolte des pauvres contre les riches du nord contre le sud où les USA représentent la victime coupable d'impérialisme ?

Contrairement aux déclarations de Berlusconi, proclamant la supériorité de la culture et la civilisation occidentales, c'est davantage le relativisme et l'équivalence des cultures qui est proclamé à travers l'universalisme conquérant du jihad islamique .

Il convient de dépasser un réductionnisme simpliste binaire occident - islam pour prendre toute la dimension du problème de notre archipel planétaire qui est à la base centré sur les échanges économiques, la logique des marchés, les règles du jeu concurrentiel, d'où la construction de barrières, d'alliances protectionnistes et leur expression politique à travers des traités et conventions internationales .

Sous des couverts d'impérialisme de la vertu , cette tendance à l'homogénéisation développe des résistances sous couvert de particularismes culturels et civilisationnels . En effet les notions qui nous sont familières de conflit des droits et des devoirs, d'espace privé et d'espace public, d'obligations négatives s'opposent par exemple à la pensée confucéenne qui privilégie l'espace public, le contrôle des libertés individuelles au profit des impératifs du groupe .Respect scrupuleux d'une planification des naissances des femmes travaillant en usine, pas plus d'un enfant par couple. Cette civilisation cultive davantage les obligations personnelles et les devoirs plutôt que le droit...

La notion chatouilleuse du travail des enfants n'est pas perçue de la même façon, chez nous, en Asie ou en Afrique. Cest ainsi que le droit au travail des enfants, même dans d'effroyables condition de servage, esclavage, travail forcé pour dettes aux Indes ; voire la prostitution sont défendues, au risque d'une déstabilisation économique, du fait de leur impact considérable sur le revenu familial .Ce que revendiquent par contre ces enfants, cest dvantage un travail digne sur le plan des horaires, des conditions sanitaires dhygiène et de soins ,mais aussi une mise en apprentissage reconnue !

Le dialogue entre civilisations devrait il pas intégrer les spécificités et le particularisme civilisationels ou se référer plutôt à lhypothèse dun universel anthropologique qui transcende ces différences ?Qui lemportera dans cet affrontement de lhomo - sapiens ou de lhomo économicus.

Sous des couverts vertueux, loccident cherche une harmonisation du dialogue entre civilisations Cela nempêche pas les USA de refuser certains traités internationaux nuisibles à lépanouissement de sa propre économie. Loccident et son référentiel axiologique constituent une instrumentalisation stratégique à des fins économiques suscite qui suscitent des crispations

On comprend mieux la contestation du processus de mondialisation assimilé à un forcing mondial néo colonialiste, au risque dune blessure narcissique, privative didentité. Doù les diverses résistances sexprimant par des revendications doriginalité ,de spécificité, et un refus de globalisation, de marchandisation . Une hégémonie,peut toutefois cacher une autre.

Nous pouvons parfaitement comprendre ce processus,nous qui fréquentons la souffrance singulière du sujet en proie à des conflits didentité. Ici, la revendication identitaire au risque dune perte de soi passerait par une défense du particularisme et du tribalisme , pronant paradoxalement un retour au conservatisme dune traditiona dure voire une nostalgie de la référence au passé culturel .Lintégrisme et le fondamentalisme réactionnes deviennet un recours dopposition et de resistance à la nouveauté qui pourtant fascine et attire. Ne dit on pas des auteurs du massacre des Twin Towers,quils étaitent parfaitement américanisés, intégrés, ne déparant pas !

La supériorité économique et militaire des USA introduit une dyssimétrie dans les rapports géopolitiques qui dérangent comme on le voit au sujet de la guerre préconisée contre lIraq. De même on peut être irrité par lhégémonie de la langue anglaise ,langue véhiculaire,même dans les congrès médicaux .Lors dune réunion scientifique à Londres,de lAssociation Européenne de Pychiatrie que jai voulu tenir en français,jai réussi à vider la salle !

Ce qui est donc dénoncé c'est limpérialisme de la vertu qui dicte la régulation du jeu concurrentiel par des conventions, chartes, normes sociales, codes de conduite. La tradition occidentale s'érige, en opposition aux autres traditions, en une universalité de facto et de jure sans faire leur place à dautres traditions culturelles,en dehors de Ce qui est dénoncé cest l'impérialisme de la vertu qui dicte la régulation du jeu concurrentiel par des conventions, chartes, normes sociales, codes de conduite. La tradition occidentale s'érige en opposition aux autres traditions en une universalité de facto et de jure sans faire sa place à dautres traditions culturelles, Ce qui est dénoncé cest limpérialisme de la vertu qui dicte la régulation du jeu concurrentiel par des conventions, chartes, normes sociales, codes de conduite ,en dehors de lIslam, comme lHindouisme, le Bouddhisme, le Confucianisme, ou lAnimisme. Il en résulte une contestation conceptuelle et émotionnelle . Il en résulte une violente contestation militante du processusaussi uniformisant quappauvrissant d processus de mondialisation , privatif didentité et de repères existentiels Il est vrai que la restauration de l'ipséité individuelle , passant par une retribalisation et un communautarisme très étranger à la pensée laique et républicaine n'est guére plus intéressant et tout aussi contestableΣ.


A. C O E N

Le retour du (vocabulaire)religieux
Ou une nouvelle quête du symbolique ?

Que se passe-t-il donc pour assister aujourd’hui à un tel envahissement du quotidien, à travers les médiats en particulier contaminés par le vocabulaire et les métaphores de type religieux. Ceci ne peut que choquer la sensibilité républicaine acquise à la séparation irréversible de l’église de l’état, convertie à l’idéal de laïcité.

L’insécurité ambiante infiltre-t-elle à ce point nos existences pour favoriser la ré émergence d’un besoin infantile de recours au divin protecteur? Retour de la violence et ré émergence du religieux auraient-ils ici partie liée ?L’inflation du discours victimaire et de la revendication de réparation qui l’accompagne fait de chacun une victime sacrificielle potentielle. Le vécu de proximité de la mort qui caractérise le sujet du traumatisme le fait appeler, dans les pays anglo-saxons : le survivant .La société se divise alors de façon manichéiste en victime et bourreau

Nous avons eu droit cet été aux pluies diluviennes, et aux visions d’apocalypse. Mais, c’est probablement depuis le 11 Septembre que la menace réelle - et non plus seulement imaginaire - pèse de tout son poids et pas seulement chez les autres. En effet l’hypothèse d’Al Quaida a été invoquée avant même l’enquête officielle et malgré la généreuse politique arabe du Quai d’Orsay, au sujet de notre bateau victime d’une explosion attentat ou accident ?- au large du Yémen.

Certes le Jihad se poursuit à travers la deuxième année de la deuxième intifada au moyen orient, mais on est, hélas, tellement habitué à ce conflit qui s’éternise que l’on finit - désinformation généralisée oblige - par oublier qu’il s’agit d’un même combat contre la terreur aveugle .

A la faveur de la menace de guerre contre l’Irak, on prédit que les portes de l’enfer s’ouvriraient, la rue arabe déferlerait donnant lieu à un cataclysme universel. En fait il semblerait qu’aucun des pays voisins ne s’engagerait dans une telle aventure.

En référence à la Bible et l’économie - couple fondateur de la civilisation nord américaine - le Président Bush veut nous précipiter dans une guerre préventive .C’est ce qu’on appelait " une guerre juste " qui justifiait autrefois la bénédiction des troupes par l’église. Il est ici question d’une guerre salvatrice du bien contre le mal, des forces démoniaques mettant à mal l’occident vertueux, bref d’une menace universelle contre le monde civilisé.

A coté des bruits de bonne guerre, sinon de guerre sainte - aux relents de croisade, sommes nous revenus à l’ancienne alliance du trône et de l’autel, à la collusion à la faveur de la déferlante idéologique intégriste ? Peut -on parler chez Ben Laden dune confusion, sinon une collusion de la religion et de la politique, cette dernière est loin d’être claire. Quoiqu’il en soit, nous avons, depuis les croisades effectué un travail difficile d’autonomisation et de séparation des pouvoirs auquel nous sommes particulièrement sensibles.

ll serait nécessaire de rappeler que juifs et chrétiens - en tant que gens du livre vivant en pays arabes - ont été soumis au statut de Dlimi : " protégés de nature inférieures", objet dune tolérance condescendante de ceux qui ne se soumettent pas au Coran.

Il est intéressant de constater que dès le 7e siècle les envahisseurs - musulmans barbares étaient déjà considérés comme un fléau envoyé par Dieu contre nos péchés .

La valorisation idéologique de la guerre dans la société féodale justifiait, dans le sillage de Saint Augustin, celle contre l’hérésie musulmane et les païens . Elle donnera naissance au XIIe à la chevalerie qui confère un caractère sacré à sa mission et aux combats chevaleresques. Les serments avec l’épée - dont la forme évoque la croix - se font du reste sur les évangiles.

Il convient d’être sensible à cette place de choix de la victime et son interchangeabilité Elle occupe une place enviable de toute puissance .D’où la compétition pour cette archéo théologie de la substitution, avec usurpation d’identité victimaire qui inaugure un mouvement alternatif de renversement. Hier l’église se considérait le nouvel Israel, aujourd’hui c’est le palestinien qui est la victime et les israéliens les nazis, peuple génocidaire !

Ce renversement est particulièrement éloquent qui a abouti à la libération de Papon. Ses avocats, sur base de rapports médicaux, ne le disaient-ils pas grabataire et mourant ?C’est un homme qui est sorti debout même pas en ambulance - de la prison de la santé ! Le prochain acte de cette bouffonnerie sous couvert de justice - encore un conflit de magistrats entre ceux qui condamnent et ceux qui libèrent !- sera l’annulation de sa précédente condamnation .A quand la sortie de tous les détenus pour raison de santé ?Il a été fait des gorges chaudes sur le nécessaire pardon humain de ses anciennes victimes déportées ! Les crimes contre l’humanité ne se pardonnent pas .Ils se jugent démocratiquement.

Ne parle-t-on pas chez nous, à la faveur de l’échec de la gauche aux élections, de crise des convictions. Qu’est devenue la passion communiste qui a laissé place à une passion inverse anticommuniste à l’encontre d’un parti jugé liberticide sans parler du parcours sanglant qu’il prit dans les pays de l’est. ?

On aurait eu tendance à penser à la fin des totalitarisme avec la chute du mur de Berlin Le retour de l’intégrisme démontre-t-il le contraire ?Au passage, il ne faut pas oublier la sympathie voire la collusion Islam - nazisme. .Le roi Farouk d’Egypte, prisonnier de l’occupation anglaise l’a utilisé comme modalité de résistance .C’est surtout le grand Mufti de Jérusalem qui engageait ses fidèles à grossir les rangs des armées pro nazis des Oustachis et des Bosniacs . On connaît sa rencontre avec Hitler dans le but d’une stratégie commune pour mettre un terme à la déclaration Balfour précurseur de la reconnaissance d’un territoire national pour les juifs en terre sainte, ce qu’à confirmé le vote de l’ONU en 1948.

A l’heure d’une société qui, clame son droit d’homisme, il ne faut pas oublier un nouveau fléau l’enfant martyr qui prend des formes très diverses .L’enfant soldat, éduqué pour tuer qu’on envoie au casse pipe. C’est souvent sa seule modalité de survie s’il veut se nourrir. Que dire des enfants atteints du Sida sans compter les très nombreux orphelins dus à la même maladie répandue par les guerres et les viols. Ailleurs encore, il se fait bombe humaine, avec une promesse de paradis en compagnie de 70 vierges. Le comble de la jouissance !Quel gâchis :.

Le 10 Octobre, journée mondiale de la Santé Mentale est cette année dédiée à la maltraitance à enfant dont on ne sait toujours pas si elle a réellement augmentée ou s’il ne s’agirait pas plutôt d’un artifice de transparence, et de sensibilisation - tout le monde en parle - qui la rendrait plus facilement lisible Le meurtre d’enfant n’est -il pas, à travers les mythes et la littérature à la base même de notre. culture ?

Que penser de ce besoin d’universalité qui caractérise notre époque ?S’agit-il d’une recherche d’un nouveau consensus ? En effet à quel référentiel s’adresser : la morale, l’éthique, la justice sous couvert des Droits de l’Homme, aux valeurs religieuses, fussent-elles non partagées ? Il est intéressant de souligner le paradoxe de la justice universelle, comme recours ultime. Le Tribunal Pénal International est né durant la guerre dans lex Yougoslavie où il était question de purification ethnique, et de déplacement de populations. Le précédent tribunal de Nuremberg qui s’est occupé de crimes de guerre et contre l’humanité est né lui dans l’immédiat après guerre. Les ONG ont beaucoup oeuvré à la mise en place du TPI arguant des massacres horribles. Pourquoi ce besoin actuel de sortir de ses frontières propres : l’Europe, le recours aux instances universelles, comme si l’on était menacé et que l’insuffisance de protection justifiait un recours toujours plus large dépassant son propre village, pour convaincre, comme autrefois l’idéal religieux.

La militantisme religieux se pose en termes nouveaux : idéologie conquérante et meurtrière d’un côté et de l’autre recherches d’un au delà du religieux qui ne soit plus une illusion ou une impasse - comme la faillite des idéologies politiques dans laquelle on n’a plus envie de s’engouffrer - mais plutôt enfin une libération de la pensée et de la créativité .D’où une quête qui renouvelle l’accès à un symbolique plus contenant et moins contraignant.

Epoque meurtrière certes mais où le symbolique est en attente d’être revisité Au delà de la peur, que traduit le retour actuel du langage religieux, restons optimiste en n’y voyant qu’un symptôme d’une vaste recherche en chantier.

A. COEN


L’insécuritaire

Les derniers lampions s’éteignent, la trêve des confiseurs est levée, la neige quon attendait sur les pistes est quand même arrivée, après coup !

Alors que les valeurs traditionnelles dégringolent,la demande de sécurité et de tranquillité font fortune, voilà enfin quelque chose de sûr !

Drôle de période que nous traversons !

- Un gros poisson s’évade dun commissariat ?Cest le manque de sécurité qui justifie qu’on donne l’alerte cinq heures après !

- Vous avez pu faire tranquillement vos achats de Noël, les grands magasins et la police veillaient sur votre sécurité pour vous protéger.

- Vous avez réveillonné en paix et vous pourrez même prolonger les festivités jusquà la mi Janvier, le plan vigie pirate se poursuit.

– N’hésitez plus à vous déplacer en transports en communs, dans la capitale où une surveillance préventive renforcée est mise en place! Des patrouilles à pied, en voiture , à vélo, sillonnent les quartiers passants et commerçants, les gares et les abords des sites religieux". 500 CRS en renfort général et 300 militaires ont été plus précisément affectés à la surveillance des sept gares parisiennes.

- Partez, prenez la route, n’ayez plus peur de prendre votre véhicule, c’en est fini de l’insécurité routière vous êtes protégés !. .La guerre aux chauffards éméchés est enfin déclarée !

- S’il vous arrivait, par mégarde mettre le feu chez vous, l’intervention des sapeurs-pompiers se fera en toute sécurité, des mesures sont prises pour les protéger.

Aujourd'hui,le principe de prévention qui essaie de nous épargner des violences humaines n’est plus seulement théorique, on en voit les résultats. Qu’en est-il des catastrophes naturelles, qui nous en délivrera ?

N’ayez plus de soucis ! Dans leur empressement à vous rendre service, quoi qu’il vous arrive, les compagnies d’assurance, dès le 1er janvier 2003 augmentent leurs tarifs pour mieux vous couvrir et éventuellement vous dédommager, contre l’ensemble des préjudices!

Cela concerne également les professions médicales dont certaines - urgentistes, chirurgiens, accoucheurs - sont à risques. Face à la pénurie de ces derniers, il conviendra - sécurité oblige - de grouper dans des maternités hyper technicisées converties en " accouchoirs " les parturientes et leur bébés ; quitte à les transférer ensuite dans une maternité de proximité ! Il suffisait d’y penser ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !

Il est vrai que cette année s’est terminée de façon plutôt morose, l'insécurité économique se faisant douloureusement sentir, même à travers la baisse des achats de Noël ! Crise de confiance dans la bourse, l’euro, mais aussi répercussion des comptes frauduleux de certaines grandes entreprises américaines qui donnent le ton en déstabilisant les marchés mondiaux . Que dire de celui du travail, du pouvoir d’achat défaillant, surtout pour les retraités : sans parler des hausses en perspectives, au premier rang desquelles, en dehors du tabac, celles de l’essence , accompagnée de bruits de botte.

La sécurité de base est enfin au centre de nos préoccupations socio politiques , plaignons - nous ! N’avons nous pas à juste titre lourdement insisté sur ce besoin psychologique fondamental , et les avatars de sa construction chez le tout petit et après !

" L'attachement sécuritaire est au service du détachement en vue de l’acquisition de l’autonomie " tel pourrait être le slogan de l’accompagnement en périnatalité psychique. La discordance, " le désaccordage "durable et cumulatif des liens à la mère et au père font le lit du sentiment d’insécurité

A l’inverse, une réciprocité harmonieuse de la relation affective avec, et entre les parents ; un véritable " nous " d’amour édifiera le socle nécessaire à l’établissement d’un solide sentiment de sécurité affective, de confiance en soi naît la confiance en l’autre .Il se construit sur des impressions et surtout des expériences qualitatives réelles, vécues, répétées, de présence donnant satisfaction au moment où on l’attend. Cette expérience à valeur nutritive est indispensable à la croissance et la maturation. L’acquisition de cette sécurité de base autorisera, à prendre ultérieurement - sans appréhension - le risque des inévitables séparations et de la rencontre avec l’autre . Cette rencontre initiale avec un "autre secourable" - quand elle n’a pas été déçue - constitue un préalable qui autorise " l’audace de vivre ".

On mesure l’importance de la " mise en dépôt "de ces interactions initiales satisfaisantes avec les figures signifiantes de l’entourage. Cet inestimable réservoir de sécurité et de bien être constitue une référence à disposition via l’hallucination qui servira de " correcteur " dans les situations de détresse. Le sentiment d’insécurité se réveillera dans les situations de vie adverses, pas toujours évitables, où il faut faire la part de l’imprévu , l’inattendu ; et du surgissement du non contrôlé, de ce qui échappe .

Nous connaissons bien cette rhétorique, au demeurant opérante dans un contexte clinique. Elargissant ce cadre d’origine, on serait tenter de le est transposer, projeter sur les institutions et surtout "l’Etat Parent"tour à tour, maternel, paternel, qui prendront, par délégation, le relais des parents d’origine protecteurs et sécurisants. Cette perspective peut même prendre l’allure d’un " programme politique "

Il est vrai que les relations humaines ne sont pas seulement faites que d’amour ; son corollaire, la haine, semble la chose au monde la mieux partagée ! Le siècle écoulé a été particulièrement éloquent à cet égard : guerres, massacres et nettoyage inter ethniques, génocides multiples dont la Choa restera - par son ampleur et la scientificité organisationnelle de son programme d'extermination - un prototype exemplaire. Que dire alors, plus près de nous du 11 Septembre et du terrorisme ordinaire, au quotidien, tout aussi incompréhensibles .

Au nom du principe de précaution, rendu nécessaire aujourd’hui du fait de la menace terroriste, nous devenons plus regardant pour tout ce qui trouble l’ordre public et la tranquillité. Il en résulte, par prudence, une réduction préventive, librement consentie des libertés individuelles qui a parfois du mal à se marier avec les droits de l’homme .Il en résulte une dynamique de criminalisation de tout ce qui dérange , des mouvements contestataires à la pauvreté Exit la dissidence. Il suffira d’invoquer la "sécurité nationale"! Cela justifie la libre circulation - en dépit des principes " informatique et libertés "des fichiers de renseignements et d’information qui s’échangent bien au delà des pays européens pour franchir l’atlantique, au nom de la sécurité intérieure

Chez nous, le projet de loi - bien nommé - de " sécurité intérieure " - qui entre en guerre contre les pauvres en criminalisant prostitution et mendicité - et pourquoi pas, les gens du voyage - mérite, au delà de l’exploitation habile qu’il fait ce signifiant majeur dans son intitulé mérite , bien qu’il ait déjà fait couler beaucoup d’encre, d’être analysé de plus près. Généreux,il semble vouloir abolir la prostitution tout au moins dans son coté " dragueur" . La volonté au demeurant louable du législateur d’éradiquer -toujours sans succès - le phénomène prostitution est vieille comme le monde puisque on la retrouve déjà chez Alaric II, roi wisigoth, en 506, et de Saint Louis en 1254!

Certes,aujourd’hui les formes ont bien changé. Les" travailleurs du sexe", à la française sont en concurrence avec les réseaux mafieux organisés d'esclavage moderne, de la traite des êtres humains, le plus souvent des étrangères sans papiers. Lapplication d’une telle loi prohibitionniste, constituerait un vrai danger en termes de prévention et de santé publiques, sans parler de ces victimes livrées à la merci des contrôles de la police en plus de celui des proxénètes.

Il s’agit, en fait dans ce texte d’éliminer la visibilité de ce qui dérange et de " nettoyer, purifier faire le ménage " dans la cité. Il suffit d’associer prostitution - sujet "politiquement" peu porteur" au "problème de l'immigration" et la peur de sensible de l’étranger pour lui donner la consistance d'une construction politique sous couvert de logique sécuritaire. Il suffisait d’y penser !

Bonne année quand même

A.C O E N


Dernière mise à jour : jeudi 30 janvier 2003 15:54:57
Dr Jean-Michel Thurin