Les propositions

1.    Adapter les formations professionnelles aux évolutions sociales et aux pratiques de terrain

 

Il serait intéressant que les différentes sciences humaines soient au minimum évoquées dans les formations. Travailler sur le psychisme, donc sur une part essentielle de l’homme, suppose à la fois des connaissances techniques, mais un recul, voire une sagesse (pour ceux qui y arrivent) permise par l’ouverture vers d’autres cultures quelles qu’elles soient.

Les réponses monocolores, standardisées, en série, pré-programmées, même si elles sont quelquefois nécessaires, ne résistent pas longtemps en face d’une réponse plus recomposée, de ce fait plus humaine, des diverses approches.

 

1.1                   Les psychiatres.

 « La société française a besoin pour ses psychiatres de bien plus de polyvalence que de formation mono-disciplinaire et univoque…Il ne s’agit pas de plus de diplômes mais de plus de formation[1] ».

Au fil de leur formation médicale puis de leur spécialisation ils devraient, selon nous, d’abord avoir des bases solides dans les 3 domaines « bio-psychologique-social » et ensuite pouvoir approfondir leur formation dans une, deux ou les trois directions selon leur inclinaison personnelle et leur choix de carrière.

Les psychiatres en formation doivent, à l’avenir, beaucoup plus « tourner » dans les secteurs de psychiatrie et ne plus être d'une certaine manière "réservés" à l'usage quasi exclusif de services universitaires qui sont de fait en situation de monopole, étant juges et partis.

De même il est souhaitable de déspécifier la formation des psychiatres à l’intérieur de leur spécialité : tous les psychiatres devraient être formés à la psychiatrie de l’enfant et des différents âges de l’homme.

Une nécessaire adaptation du chiffre du "Numerus Clausus" pour garder les effectifs à leur niveau actuel doit être programmée. On peut également envisager une sorte de contrat de service public, pour 5 ans, dans la zone où l'on effectue son internat.

Cet enrichissement, conforté par une réorganisation en profondeur des formations continues agrées et contrôlées par les organismes publics, les orienterait alors vers des pratiques et des responsabilités différentes.

Un enseignement complémentaire est indispensable en santé publique ainsi que pour l’animation d’équipe.

1.2.                  Les psychologues cliniciens

Un aménagement de la formation initiale des psychologues est indispensable au niveau de l’organisation des stages, de leur contenue et de leur validation.

La meilleure intégration et la meilleure formation hospitalière des psychologues sont sans doute des voies à explorer. A noter l’expérience de l’Espagne, où existe un internat en psychologie sur concours, avec exercice hospitalier pendant deux ans, préparant aux carrières de psychologue clinicien.

Reste le problème du 1/3 temps de formation : soit il est étendu à tous les professionnels, soit il est supprimé pour cette catégorie professionnelle. D'une part dans un souci d'équité, d'autre part parce que le temps de formation-recherche est un besoin pour toutes les catégories professionnelles.

Un enseignement complémentaire est indispensable en santé publique.

 

La pratique publique et/ou « libérale » serait bien entendue possible mais donnant lieu à un conventionnement spécifique. Il est indispensable que, pour actes thérapeutiques, les personnes soient adressées aux psychologues par un psychiatre, afin d’écarter au préalable les affections somatiques à expression psycho-comportementale et afin de faire bénéficier les patients d’un remboursement par la sécurité sociale, ce qui étendrait l’accès à ce type de thérapeutique.

 

1.3.                 Les infirmiers

La formation initiale, insuffisante en psychiatrie, doit être à tout prix garantie car ce sont les infirmiers DE qui, dans leurs différents lieux d’exercice, sont et seront bien souvent en première ligne face aux troubles psychiques. Comment, au delà du Diplôme d’Etat et pour les infirmiers qui travaillent en secteur de psychiatrie, apporter des formations nécessaires qui ne soient pas trop hospitalo-centriques ni livresques ? Nous pensons que cette formation au diplôme d’infirmier DE devrait être intégrée dans le corpus des enseignements universitaires (en faculté de médecine par exemple).

Il serait souhaitable d’y adjoindre une réflexion sur les représentations sociales, le travail individuel avec un patient, les pratiques ambulatoires, les psychothérapies, le lien avec la communauté etc.

Faut-il en passer par une spécialisation ou bien faire assurer ceci par les organismes de formations continues (qui assureraient dans ce cas une charge attribuée normalement à la formation initiale) ? Nous pensons préférable d’organiser cette formation supplémentaire par l’acquisition d’un certain nombre de modules pendant que l’infirmier DE travaille dans un secteur de psychiatrie. Une sorte de stage en cours d’emploi qui pourrait s’organiser en 1/3 temps de cours à la faculté et 2/3 temps dans une équipe soignante. Nous préférons donc l’accès à une formation complémentaire mais qui ne consiste pas en une simple année supplémentaire à la faculté.

 

Le débat est posé et il dépasse la seule corporation infirmière. Peut-on imaginer, pour l'ensemble du système sanitaire, un autre découpage des spécialités en, par exemple, Chirurgie, Médecine interne, Obstétrique, Santé Mentale, Santé Publique, Pédiatrie et la fin de la multiplication à l'infini des sous-spécialités ?

1.4      les travailleurs sociaux

Ce sont des innovations dans la pratique des travailleurs sociaux, tant en direction des équipes soignantes que des acteurs dans la communauté, que dépendra en grande partie l’évolution globale des prises en charge en santé mentale. Une plus grande mobilité, une plus grande responsabilité leur seront demandées et ils participeront au travail dans les réseaux dans une dynamique d’aide et d’accompagnement des personnes et dans celle d’articuler les dispositifs les uns aux autres.

 Pour eux aussi, des enseignements complémentaires en cours d’emploi sont nécessaires.

Nous pensons qu’une formation conjointe à la santé mentale et au travail social devrait être organisée pour l’ensemble des filières, ce qui permettrait de limiter les incompréhensions et de favoriser l’articulation entre champ sanitaire et social.

Les professionnels de ces deux champs devraient pouvoir diversifier leurs connaissances (les nouvelles fonctions) en renforçant leurs compétences dans différentes directions et également, s’ils en expriment la volonté, accéder à une formation supplémentaire (avec stages) dans les domaines psychiatrique et/ou social.

Dans le cas de l’acquisition d’une compétence en psychothérapie, la pratique publique et/ou « libérale » serait bien entendue possible donnant lieu à un conventionnement spécifique, dans des conditions comparables à celles des psychologues.

 

1.5       Les ergothérapeutes. Les psychomotriciens.

Eux aussi se trouvent devant la nécessité de repenser leur formation, leurs objectifs et leur rôle respectif dans la perspective de l’évolution de la psychiatrie vers le champ de la santé mentale dans les années à venir. En effet, ils seront tout naturellement impliqués dans les futures actions de  soin et d’insertion :

Pour les uns dans les stratégies à mettre en place pour l’accès au travail, que se soit en milieu protégé ou même en milieu ordinaire.

Pour les autres dans des stratégies à mettre en place, dans la communauté, notamment pour l’amélioration des capacités d’autonomisation.

 

1.6      Les professionnels issus d’autres formations en sciences humaines.

On comprend que les techniques psychothérapiques doivent être assujetties à une formation spécifique. L’accès à cette formation doit être possible pour d’autres professionnels que les seuls psychiatres, psychologues cliniciens et infirmiers (sociologues, philosophes…) qui, jusqu’à maintenant, «s’autorisent d’eux-mêmes et de quelques autres » comme le disait J. Lacan au sujet des psychanalystes. Ce cursus de psychothérapeute devrait être sérieusement encadré et validé par l’université ou des écoles agréées.

Le débat et la réflexion sur ce sujet sont en cours au niveau national.

Pour certains professionnels, l’accès à la compétence en psychothérapie devrait être accessible à  d’autres professionnels, par un système d’équivalences, en passant par les seules formations (revisitées comme évoqué ci-dessus) de psychologue ou de psychiatre. Autrement dit pour être psychothérapeute il faudrait, selon eux, être soit psychiatre soit psychologue (c’est-à-dire avoir satisfait à un cursus universitaire garantissant la formation). D’autres pensent à un cursus autonome.

Quelle que soit la formule nous pensons que cette compétence doit être ouverte à des personnes d’origines professionnelles diverses. Toutes les techniques devront être validées et évaluées par l’ANAES.

 

1.7      Les secrétaires médicales.

Les compétences et les fonctions des secrétaires médicales évoluent. Dans la nouvelle organisation des soins elles seront la cheville ouvrière de la circulation d’informations dans les réseaux. Elles devraient avoir, comme les autres professionnels, après formation adaptée, accès aux nouvelles fonctions en santé mentale.

1.8      Les médecins généralistes

La future réforme du 3ème cycle des études médicales devrait obligatoirement intégrer un semestre obligatoire en secteur de santé mentale, qu’il est souhaitable d’organiser au sein des équipes de soins ambulatoires et plus particulièrement dans le travail en réseau avec les champs sanitaires somatiques et les champs médico-sociaux et sociaux.

1.9      Les personnnels de direction

La formation des personnels administratifs de direction d’établissement bénéficierait également d’un approfondissement dans le domaine de la santé publique et de la santé mentale, de stages dans les services de soins organisés spécifiquement pour eux. Ceci faciliterait peut-être les passages de la direction d’établissement somatique à celle des nouveaux STP et inversement avec des compétences élargies mais surtout ceci devrait permettre à certains de moduler une vision parfois trop centrée sur la gestion administrative et comptable des équipes et des structures sous leur responsabilité.

1.10                                  Les familles d’accueil

Les familles d’accueil sont des personnes qui acceptent de vivre avec des semblables ayant des troubles mentaux. Alternative forte à l’hospitalisation (utilisée comme hébergement), il conviendrait de leur donner, une formation adaptée, un statut adéquat et de les valoriser.

 

1.11                                  Pour tous

L’enseignement supérieur en France reste très cloisonné, avec très peu de passerelles, ce qui conduit un certain nombre d’étudiants dans des impasses.

Pourquoi ne pas imaginer un tronc commun sanitaire ou sanitaire et social, pour les études de médecine, d’infirmier, d’éducateurs. Avec, s’il existait toujours un numerus clausus en médecine, un positionnement après ce tronc commun ?

Des formations complémentaires dans le domaine de la santé mentale et de la santé publique, devraient être accessibles à tous les professionnels. Ces formations pourraient être dispensées par l’Ecole Nationale de santé Publique, sous réserve que cette école soit réformée, c'est-à-dire développe des compétences élargies bien au-delà de la gestion (Infirmiers Généraux et directeurs).

Il faudrait mettre en place des compétences permettant d'assumer et de développer des missions de santé publique, de garant de la qualité des soins, pour reconnaître les compétences d’ «opérateurs en santé mentale »,  d’ «ingénieurs réseaux » … que certains d’entre eux montrent depuis longtemps sur le terrain. Cela pose bien sûr le problème des profils des formateurs de cette école.

Des stages de 1 à 3 mois en secteur de santé mentale, par échange de poste autant que possible, devraient être organisés, tous les 5 ans au moins. Nous serions tous visiteurs critiques et visités critiqués. Cela pourrait être inclus dans la formation continue et les échanges pourraient être une véritable bibliothèque d'idées et de pratiques, ainsi qu'une bourse d'expériences qui permettraient de voir se répéter les innovations et les créations pertinentes de la sectorisation bien comprise. 

Des formations donnant accès à de nouvelles fonctions ou des postes plus qualifiés :

§       développeur d’actions auprès des usagers,

§       ingénieurs réseaux santé mentale,

§       agents d’intégration culturelle et artistique (il faut absolument souligner que les artistes manifestent depuis toujours une qualité d’accueil, d’écoute et d’intégration à la vie sociale. Il doivent faire partie des acteurs sociaux partenaires des STP et des RTSM et être rétribués en fonction).

 

Ces professionnels exerceraient de façon transversale dans le cadre des réseaux au niveau des secteurs, des bassins de santé, des départements et des régions dans les sphères sanitaires, sociales et médico-sociales.

 

De même les responsables-qualité actuels, tout à fait nécessaires et qui devraient être valorisés, devront étendre leurs actions aux bassins de santé.

 

 

 

 

2. Structurer la recherche en santé mentale au niveau régional

 

2.1.                  La recherche clinique

Nous proposons la création, dans tous les RTSM, de départements de recherche médicale qui intègrent les personnels volontaires  des secteurs, la médecine «libérale», les acteurs sociaux et dans certains cas les usagers, dans des politiques de recherche. Il s'agit aussi de ne pas oublier les recherches cliniques (et pas uniquement pour des patients hospitalisés) mais aussi sur les représentations sociales, la dynamique des groupes etc., sans limitation à quelque champ de recherche que ce soit.

 

Une aide méthodologique pourrait être fournie par des Centres Régionaux de Recherche en Santé Mentale (CRRSM) à tous les acteurs en santé mentale qui ont un projet de recherche. Ces centres, fédérant l’ensemble des secteurs de santé mentale, passeraient des conventions avec les universités de santé, de droit, de sciences humaines et sciences sociales, ainsi qu’avec les organismes nationaux tels l’INSERM, le CNRS, les ORS et les Conseils Régionaux. Les 26 régions (dont 4 outre-mer) auraient chacune un centre régional de recherche en santé mentale, co-financé par les ARH. Cette organisation permettrait :

§       d’une part, de développer des indicateurs fiables région par région.

§       d’autre part, d’impulser une véritable dynamique de recherche à la fois médicale et sociale, la seule capable de modifier les pratiques dans le cadre de recherche-actions. La participation de professionnels d’autres champs serait recherchée, car la santé mentale est évidemment dans tous ces domaines affaire de spécialistes et non spécialistes, affaire de complémentarité entre les savoirs initiés et les savoirs profanes.  L’expérience pilote menée dans ce sens dans la région Nord Pas-de-Calais[2] est un exemple de ce qui peut ce faire.

Cette proposition se rapproche des Délégations Régionales à la Recherche Clinique (DRRC). Aussi conviendrait-il de trouver un dispositif ou une formule qui garantisse les projets de recherche issus des services non universitaires par :

§       des organisations fédératives régionales pour porter et promouvoir les projets : les CRRSM ci-dessus, éventuellement en collaboration avec les universités et la DRRC ;

§       au niveau d’un établissement on peut confier la coordination des projets de recherche à un médecin (travaillant sur quelque fonction que ce soit sans en exclure le DIM).

En 2001, pour la 1ère fois, les crédits Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) ont 2 enveloppes :

§       projets de recherche nationaux,

§       projets de recherche régionaux (il doit y avoir des crédits réservés pour des projets non universitaires).

 

L’idéal serait évidemment que les financements se complètent : des financements publics (qu’il n’y ait aucune défaillance de l’état, des universités, des organismes de recherche) et des financements privés.

 

 

2.2                                         La recherche pharmacologique

Les essais médicamenteux devraient aussi être effectués par des experts indépendants. Il serait judicieux de collecter depuis l’industrie pharmaceutique des ressources permettant d’effectuer, par le biais de l’Agence du médicament et avec des mandats précis des pouvoirs publics, certaines études qui paraîtraient complémentaires de celles menées dans le privé[3] . Les molécules seraient testées dans l’ensemble du système public et privé à partir de protocoles mis en place par l’Agence.

 

Nous souhaitons qu’une réflexion s’engage sur la place des médicaments dans les stratégies thérapeutiques en matière de santé mentale.

 

3.           Un statut unique pour les praticiens hospitaliers

 

Une revalorisation des carrières et une mise à plat des statuts hospitaliers doit accompagner la mutation du système. L’ordonnance instituant la multitude des statuts de praticiens travaillant dans la fonction publique hospitalière doit être abrogée, avec, bien entendu, des mesures transitoires pour les personnes concernées.

 

Nous préconisons l’instauration d’un statut unique de médecin de service public, avec la même échelle de salaire et les mêmes devoirs[4].

 

Cela aurait pour avantage de revaloriser l’activité clinique, et de permettre aux praticiens de service public volontaires, d’effectuer de la recherche ou de l’enseignement. Ce statut unique rendrait possible, par exemple, des périodes d’exercice préférentiel comme clinicien, d’autres périodes comme chercheur et d’autres enfin comme enseignant, selon les compétences et inclinaisons des uns et des autres.

 

Il aurait également l’avantage de :

§       de diversifier le contenu des formations des différents professionnels,

§       de dynamiser les sujets de recherche (à la condition que leurs financements soient réorganisés et transparents),

§       de rendre plus attractives les carrières publiques par l’accès facilité à une  diversité des pratiques (clinique, enseignement, recherche, organisation et santé publique),

§       de permettre l’élaboration de passerelles public/privé

.

La limite pour l’accès à ce statut unique, sans passage par un concours de médecin de service public (actuellement praticien hospitalier), serait fixée à 20 %. Au-delà il y aurait nécessité  de concours et le temps consacré au service public pourrait aller de 100 à 30 % par périodes de temps contractuellement fixées.

 

Dans cette optique il est naturel que des compléments salariaux soient octroyés en cas de fonctions de responsabilité dans les domaines clinique (chef de secteur …), de recherche (responsable de projet …), d’enseignement (responsable de département …), d’organisation (fonction de direction médicale - et paramédicale bien entendu - dans les STP...).

 

Ces fonctions de responsabilité devraient avoir une période limitée, par exemple 5 années, avec un maximum de 2 mandats consécutifs.

 

 

Pour les universitaires le statut unique serait appliqué, comme pour tous les praticiens, en ce qui concerne leur temps de soin. Quant à leurs responsabilités et leur statut, d'enseignement et de recherche elles ne seraient pas modifiées, pour ceux qui sont en poste actuellement.

 

Par contre il est indispensable que, dans les mêmes conditions de rémunération et proportionnellement au temps passé, l'accès à des fonctions d'enseignement et de recherche (sous la forme de chargé de cours, de professeur associé…) soit repensé au plan de ses procédures (une ouverture des commissions de nomination à des non-universitaires devrait être envisagée).

 

A terme ne faut-il pas revoir les statuts et règles de fonctionnement universitaires pour que les postes hiérarchiques soient, là aussi, assis sur des mandats de 5 ans, avec un maximum de 2 mandats consécutifs ? L’évolution, la dynamique des idées et des enseignements en seraient certainement enrichies.

 

Ce statut unique, pour la pratique en service public, permettrait de corriger le différentiel actuel de rémunération entre les psychiatres privés et publics qui, s’il reste trop important, resterait un obstacle aux passerelles envisagées.

 

Ces passerelles doivent être lancées afin de favoriser les pratiques « mixtes » (public/privé, clinique/recherche/enseignement), dans le temps et les fonctions, selon les orientations et compétences professionnelles. Pour cela, une grille de rémunération incitative, doit être mise en place de façon égalitaire, afin de permettre les passages enseignement – recherche – clinique (le mi-temps hospitalier doit être payé au même niveau que le mi-temps universitaire)

 

 

Un temps public de 2 demi-journées (20%) de travail pourrait alors être demandé aux praticiens libéraux conventionnés. Ce temps, dédié au secteur public pour la prévention et des actions de soins et de réinsertion ou autre, ne serait pas payé à l’acte. Il correspondrait aux 2 demi-journées (20%) d’intérêt général (ou de privé) que peuvent actuellement effectuer statutairement les praticiens hospitaliers, médecins de service public à temps plein.

 

Dans les zones non déficitaires la situation des praticiens hospitaliers est, depuis la signature du protocole de mars 2000, plus satisfaisante qu’auparavant si l’on n’exclut pas de la prime multi-établissements les psychiatres praticiens hospitaliers (et les autres professionnels des secteurs) actifs, inscrits nommément dans des réseaux ayant donné lieu à agrément et conventionnement. Le secteur de psychiatrie a fait avant les autres du «multi-établissements» dans le social et la communauté. Il doit maintenant bénéficier de la reconnaissance de ce travail précurseur.

 

La question particulière de la participation des professionnels de la santé mentale à des actions humanitaires mises en place par des ONG reconnues devrait être revue tant au plan de la durée (15 jours ne sont parfois pas réalistes pour certaines missions) que de celui de la procédure d’autorisation interne aux établissements.

 

 

4.           Une meilleure répartition des professionnels sur le territoire national

 

4.1                   La gestion des carrières des psychiatres publics.

Il faudra adapter aux besoins locaux la gestion des postes vacants. Le système actuel a pour conséquence de fixer dans la durée, pour près de 2 ans dans certains cas, l’inoccupation d’un poste. Les nominations doivent toujours rester de la compétence du Ministre, mais ne faudrait-il pas que le rythme des commissions paritaires soit beaucoup plus fréquent ?

 

Pour remédier aux inégalités (dont nous avons vu qu’elles venaient parfois d’une carence de candidatures en personnels qualifiés plus que d’une absence de budget), pour ne plus voir la désertification, choquante pour ne pas dire scandaleuse en terme de santé publique et d’équité en terme d’accès aux soins des populations, de certaines zones du territoire national, il ne faut pas se contenter de la prime de 65.000 F/5 ans (soit moins de 1000 F/mois), proposée aux seuls praticiens hospitaliers.

 

Il faut aller vers un doublement des salaires (exemple en Suède) pour toutes les catégories de personnels qui s’engageraient, pour 5 ans, à travailler dans ces zones. Il s’agit le plus souvent de zones du territoire et non pas de régions entières. Faut-il créer des Zones où la Santé est une Priorité (ZSP) ?

 

L’on connaît les perspectives d’évolution démographique de notre pays en ce qui concerne les psychiatres publics. Si les mesures proposées ci-dessus se mettaient en place, notre pays (le premier dans la communauté européenne pour le nombre de psychiatre par habitant) doit, à effectif constant pour les psychiatres, mieux répartir géographiquement et vers le secteur public ces professionnels du public et du « libéral ».

 

4.2                   Les infirmiers, les psychologues et les travailleurs sociaux

Il devrait être établi, et publié, un plan national pluriannuel de formation d’un nombre (que les évaluations prospectives devraient préciser) supplémentaire d’infirmiers. Le secteur public offre en France, pour les infirmiers, des avantages financiers légèrement plus intéressants que le privé. Mais certains établissements privés sont en train de réagir et de proposer des avantages secondaires parfois « alléchants ». Il n’en reste pas moins que ces salaires ne vont pas suffire pour rendre attractif le métier d’infirmier qui attire de moins en moins de jeunes. Une revalorisation semble inéluctable.

 

En termes d’effectifs, les disparités entre secteurs sont choquantes et inadmissibles. Le plan que nous proposons devra être chiffré  précisément, au niveau des STP et en tenant compte de leurs spécificités.

 

Quant aux psychologues, travailleurs sociaux et autres intervenants, une modification, négociée paritairement, des conditions d’embauche, des conditions de travail et de mises à disposition dans les secteurs sanitaires, médico-sociaux et sociaux doit intervenir.

 

 

4.3                   Les personnels administratifs

Les personnels administratifs, locaux, départementaux et régionaux, sont également concernés par cette dynamique de changement. Ne peut-on imaginer, pour les directions d’établissement, une incitation, qui dépasse la bonne gestion des institutions dont ils ont la charge, en faveur de projets - élaborés collectivement dans les établissements actuels - de relocalisation des structures de soin  dans les secteurs ?

 

Ne peut-on imaginer des procédures de gestion des secteurs et des activités de réseau plus transparentes et plus participatives ?

 

4.4                   Conséquences sur la répartition public / privé

Dans le cas d’une réforme d’ensemble de ce type on peut prévoir à terme une nouvelle répartition, qualitative et quantitative des divers professionnels, très différente de celle que l’on connaît actuellement. Cette nouvelle répartition serait accentuée par la régulation administrative des lieux d’installation.

 

En effet, en dehors de l’argumentation clinique envisagée plus haut, un nombre important de psychologues cliniciens (pour certains actuellement au chômage) pourrait se diriger vers un travail « libéral » ainsi que certains infirmiers, travailleurs sociaux et d’autres personnes ayant obtenu la qualification de psychothérapeutes, (on se souviendra que près des 2/3 des patients pris en charge par les psychiatres libéraux ne reçoivent aucun médicament et sont suivis en psychothérapie ou prétendue telle[5].

 

Dans cette pratique « libérale », du fait de la diversification des intervenants qualifiés évoquée ci-dessus, on pourrait voir une diminution des effectifs des psychiatres (le marché étant partagé entre un plus grand nombre d’acteurs dont les tarifs seraient directement concurrentiels) et la réorientation vers des pratiques publiques si les possibilités statutaires étaient aménagées associé à des conditions de travail attractives.

 

Les statuts de psychothérapeute reconnus, une embauche spécifique de ces professionnels dans les services publics pourrait être organisée ou bien des collaborations conventionnellement établies par territoire pertinent ou bassin de santé.

 



[1] Christian Bonal, MNASM

[2] Coordonnée par le Pr Thomas, CHRU de Lille

[3] Dr Gilles Vidon, Président de la CME du Centre Hospitalier Esquirol

[4] Comme le préconise, entre autres professionnels, le Pr. Frédéric Rouillon, CH Albert Chenevier, Créteil

[5] cf. l’étude de l’URML-IF de février 2000



suite


Dernière mise à jour : jeudi 6 septembre 2001 17:11:34
Dr Jean-Michel Thurin